J’avais déjà évoqué sur ce blog l’école d’été d’écriture de GN en Lituanie, qui est réorganisée tous les ans et est, je le répète, complètement gratuite (tout en ayant le potentiel pour changer votre vie) http://www.electro-gn.com/246-thelarpwritersummerschool
Mais le programme mis en place autour de cette semaine ne s’arrête pas là : il faut ensuite mettre en pratique ce qu’on a appris ! Les participants sont encouragés à participer quelques mois plus tard au Larporatory, un “laboratoire du GN” au cours duquel plusieurs groupes vont écrire un GN en 2 jours, puis le tester. En amont, on s’inscrit en groupe et on arrive sur place avec un pitch de GN déjà prêt ou un concept sur lequel on veut travailler.
Faciliter le processus de création
J’y avais participé en juillet 2013 pour créer un GN avec deux amies et ai récidivé en janvier cette année, mais avec un rôle différent : celui de facilitatrice. Kesako ? Cela veut dire que j’ai été assignée à un groupe pendant deux jours avec pour tâche de les soutenir moralement (la contrainte de temps est stressante), de gérer de potentiels désaccords, de les aider à s’organiser et aussi à se poser les bonnes questions.
Apporter un regard extérieur à l’équipe d’orgas a été une expérience très intéressante même s’il n’est pas toujours facile de conseiller sans trop influencer, de participer au processus et de se prendre d’affection pour le projet, tout en se rappelant que ce n’est pas le notre. Le bilan est pour ma part très positif et je pense qu’il serait intéressant de mettre en place des collaborations plus systématiques entre orgas sur ce principe du facilitateur qui apporte un regard extérieur, pouvant aider à remotiver des orgas désespérés ou proposer de nouvelles pistes pour sortir de certaines impasses en terme de design.
Mon groupe en plein travail
De l’écriture sous contrainte
Le programme était serré, avec des plages de travail obligatoires entre lesquelles étaient intercalées des interventions de 30 min pour inspirer et rassurer les participants. On pouvait ainsi entendre parler des fondamentaux pour concevoir un GN, de jeux déjà joués et des modifications qu’ils avaient subis au cours des sessions, preuve qu’un GN n’est jamais parfait, ou encore de ce qu’il ne faut surtout pas oublier le jour J.
Au-delà de cette première contrainte d’emploi du temps, les GN créés devaient également durer 4h maximum (pour pouvoir êtres testés le dernier jour), être jouables dans une pièce, ne pas nécessiter de matériel trop complexe (une grande plante verte a tout de même été achetée pour l’occasion !) et ne pas demander plus de joueurs que le nombre de participants disponibles (de 3 à 10 joueurs, selon les jeux).
On peut trouver ces contraintes trop limitantes, mais sur un temps de travail aussi court, elles évitent des errements en début de processus et laissent malgré tout une grande liberté à l’intérieur du cadre. De plus, cela produit des jeux faciles à tester et organiser sur des nuits du huis clos, sur Studio-GN http://experiencegn.jimdo.com/studio-gn/ ou en conventions (sachant que les jeux écrits au Larporatory ont rarement à voir avec des huis clos classiques en terme de contenu).
Les GN courts ont également l’avantage de pouvoir être testés et modifiés facilement et d’arriver ainsi à un design vraiment abouti. Ils sont aussi un terrain propice à l’expérimentation : on prend moins de risques en jouant une après-midi qu’un week-end entier, on est plus enclins à essayer quelque chose de différent. Le coût est également un argument : cela en fait des GN plus accessibles.
Un des lieux magiques du larporatory
Quelques exemples de GN
Voici trois des jeux qui ont été créés :
- Bring you own bottle, un jeu sur la dernière soirée alcoolisée d’un groupe de potes qui ont décidé d’arrêter de boire.
- The Waiting, un jeu en blackbox sur l’attente et le silence, au début d’une guerre. Les joueurs jouent des personnages qui ne sont pas des héros, confinés dans une pièce, angoissés. Pourtant, chaque soir, deux d’entre eux doivent être choisis pour aller chercher des ressources…
- +/- human, un jeu kafkaïen où l’on joue des personnages (du psychopathe au dauphin, en passant par une IA à deux têtes…) qui cherchent à accéder au statut de personne, seule façon pour eux d’avoir le droit de quitter la Terre avant la fin du monde.
Photo prise durant le GN The Waiting
Au-delà de la création de ces jeux, il y a un bénéfice communautaire évident. Le Larporatory réunit des gens d’une quasi dizaine de pays. Travailler dur pendant trois jours, tester les jeux des autres, faire et recevoir des retours constructifs, sans oublier des soirées plus détendues ensemble, ça rapproche !
Leïla TETEAU-SUREL
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26 mars 2015 at 19 h 11 min
Merci pour cet article, ça fait rudement envie. Le rôle de faciliateur/trice a l’air très intéressant mine de rien.