Qu’est-ce qu’un “Vrai GN” ?

Publié le lundi 25 août 2014 dans Articles

Par

Tags: ,

--

Qu’est-ce qu’un GN?

Cet article est né des remarques que j’ai pu entendre en critique sur des jeux auxquels j’ai participé.

J’entends souvent autour de moi “ça ce n’est pas un vrai GN”, “ça ce n’est pas un vrai PNJ”, ou encore “ce n’est pas comme ça qu’on doit faire”

questions-ahead

J’avoue, il y a quelques années, moi aussi j’aurais pu dire ce genre de phrase… Puis le temps passe, on rencontre de nouvelles personnes, de nouvelles associations, la définition du GN se brouille toujours plus, et la réflexion reste : Qu’est-ce qu’un GN ?

Dans un premier temps, j’ai naïvement essayé de mettre des critères pour définir un GN:

Au moins 5 heures de jeu, au moins 20 participants… oui ça me semblait être un GN. En dessous j’appelais cela une murder. Au-delà de ces critères quantitatifs ridicules d’autres barrières arrivaient vite : le contenu.

Notre référence est la vérité.

Selon les cultures de jeux qu’on peut avoir, un GN qui nous correspond peut être au format le plus répandu et le plus visible : peu d’histoire personnelle, mais un gros événementiel géré par l’association et ses PNJs.

Pour d’autres personnes, ce type de jeu n’est pas un GN, car ils attendent au contraire énormément d’histoires personnelles, d’intrigues, d’objectifs, plonger dans les méandres politiques de discussions sans fin.

Ou le sujet encore plus polémique : s’il y a des armes de type airsoft sur un GN, est-ce encore un GN ?

Un jeu basé sur l’affrontement de deux factions, avec une histoire minimaliste est-il un GN ?

point_de_vue

À la vérité, si on emprunte ce chemin, la question n’a pas de réponse.

L’homme est en perpétuelle interaction, ce qui implique forcément prises de positions, débats, conflits et un désir d’affirmer son point de vue.

Ces principes psychosociaux sont exacerbés par la passion et l’émotionnel qui animent joueurs comme organisateurs, qui donnent leur temps et leur énergie d’une manière souvent déraisonnable. Cet investissement se traduit souvent par une identification à une culture associative forte, une mouvance ou un type de jeu, pouvant aller jusqu’à l’échelle régionale ou nationale (Ne parle-t-on pas de « GN nordique » par exemple ?).

Ces “guerres de clochers” sont très difficiles à apaiser, tant le sentiment d’appartenance peut être fort, et il n’est pas étonnant de mon point de vue que la FédéGN ait autant de mal à fédérer des groupes qui n’ont pas la même vision de leur loisir, ni la même culture de jeu.

Le tableau n’est pas si sombre: nous sommes tout aussi capables de prendre du recul pour accepter l’autre et ses différences, accepter d’écouter d’autres méthodes, et explorer de nouveaux univers de jeu.

L’Analogie simple du Jeu de Rôle Grandeur Nature: Le Restaurant.

Pour revenir à la question “qu’est-ce qu’un vrai GN?”, je vous propose d’aborder le problème différemment, en vous demandant : “Qu’est-ce qu’un Vrai Restaurant ?”

Le nombre de couverts ? Le nombre de plats à la carte ? La musique de fond ? Le décor ? La qualité du cuisinier ? Le goût du plat ?

resto

Vous l’aurez compris, tout cela reste un Restaurant dans tous les cas. Ce serait ridicule de dire qu’une cuisine asiatique, qu’on ne trouve pas bonne, n’est pas de la “vraie” cuisine. Tout est une question de goût.

Nous sommes dans une époque extrêmement intéressante, où la maturité du jeu et les moyens techniques évoluent, et notre loisir en bénéficie fortement.

Notre loisir devient de plus en plus populaire, de nouvelles associations naissent aussi vite que d’autres meurent, des nouveaux organiseurs sortent de l’ombre sans qu’on s’y attende et développent leurs propres jeux en s’inspirant de tout et de rien.

S’il y a une chose à retenir, c’est qu’il n’y a pas de règle, ni de norme. Toute cette diversité dans le monde du GN, de l’airsoft, ou des soirées d’enquêtes, cela reste du GN.

Le GN est donc comme un Restaurant. Un terme générique inclassable qui regroupe une pratique qui représente une forte diversité de formes, d’ambiances, de manières…

Cela passe du fast-food, au buffet où il faut se servir soi-même, jusqu’au gastronomique. Inutile de critiquer les uns ou les autres, on en consomme selon notre envie du moment.

Les critiques, et l’ouverture d’esprit

Si vous êtes un fanatique de nourriture indienne et que c’est votre référence, si vous allez dans un bistrot Français pour déguster un pot au feu, n’allez pas voir le cuistot, en lui disant qu’il faut qu’il rajoute du curry pour que ce soit meilleur (c’est-à-dire à votre goût). Ce n’est pas son type de cuisine.

idea-concreta-670x250Par contre vous pouvez lui signaler qu’il manque des légumes dans son bouillon…

Plus simplement, si vous êtes fanatiques des Mass Larp, n’allez pas cracher sur une murder plus intimiste car il n’y a pas de combat.

Derrière cette analogie, n’y voyez surtout pas du “mange ce que je te sers et tais-toi”, mais au contraire d’essayer de comprendre ce que l’auteur a voulu vous faire passer comme message pour être sûr d’aller au bon endroit : Ouvrez votre esprit.

Le GN est un art.

Qu’on l’accepte ou non, le GN est une forme d’art liée à la narration. Nos organisateurs/auteurs/réalisateurs ont une vision tout à fait propre de leur jeu et des situations à nous faire vivre. Soyez sûrs d’être la cible de ce qu’ils veulent exprimer dans leurs histoires.

Un exemple ? Si l’ambiance d’un jeu est voulue noire et sombre, évitez les blagues ! Si le jeu se veut très immersif, évitez les hors-jeu. Si l’ambiance est légère, l’humour et les références peuvent être un plus pour passer un bon moment.

Comme pour l’art, un apprentissage peut être nécessaire pour comprendre où les organisateurs veulent vous emmener.

Organisateurs comme Joueurs : communiquez.

Aujourd’hui, force est de constater que la devanture de nos Associations de GNs n’est jamais très claire, et qu’il est difficile de savoir pour les participants, ce qu’il va y avoir au menu, sauf s’ils y sont familiers (et encore…).

Les Organisateurs n’expriment pas assez souvent sur le papier ce qu’ils veulent faire, ou l’ambiance qu’ils veulent donner à leur jeu.

communication-pattern

C’est la principale raison pour laquelle le joueur peut être déçu. Il a entrevu l’intérieur,  la devanture n’est pas très claire, mais ça a l’air sympa surtout qu’il en a déjà entendu parler et que des amis vont également y aller. La surprise peut être de taille lorsque le plat est servi et ne correspond pas aux attentes.

La pire chose est de vendre aux participants quelque chose qui n’arrivera finalement pas. Les critiques justifiées peuvent être douloureuses face à la déception.

L’exemple classique étant d’avoir payé sa place sur un jeu, d’avoir fait un super costume, d’attendre un personnage conséquent au niveau du développement, et à 5 jours du GN, voir qu’on vient de recevoir un vague brouillon fait sur un coin de table par un organisateur épuisé.

Comment réagir ? Se désister ? Râler ? Demander remboursement ? Ou comme beaucoup, une fois piégé si proche de la date: y aller en traînant les pieds ?

Microphone-Logo-280x280Orgas, communiquez bien sur ce que vont être vos jeux !

Joueurs, renseignez-vous bien sur où vous mettez les pieds pour ne pas avoir de surprise ! Si vous ne savez pas trop: demandez aux Orgas (il se rendront compte que si on pose des questions, c’est qu’ils ont raté quelque chose), et demandez aux gens autour de vous s’ils ont déjà testé.

The following two tabs change content below.

Gyfu

Président de l'association des Marcheurs de L'Avant, Julien est un investi dans la théorisation et la méthodologie qui entoure le Jeu de Rôle Grandeur Nature.

Derniers articles parGyfu (voir tous)

27 réactions à Qu’est-ce qu’un “Vrai GN” ?

  1. Salut Gyfu,
    merci pour cet article. Escalader l’Everest de la définition le 25 août c’est sport! et ça a le mérite de poser le débat plutôt que de le laisser en brève de comptoir sans cesse renouvelé au gré des rencontres à 5h du matin.

    Puisque tu proposes l’analogie culinaire du restaurant, je vais oser: je reste un peu sur ma faim après avoir lu ton article. Je trouve ton analyse du sentiment d’appartenance et de l’identification lié à l’investissement déraisonnable très pertinente.

    Elle ouvre de nombreuses perspectives et tout autant de questions : faut-il réguler l’investissement pour limiter les risques d’identification trop fortes et finalement trop “ségrégationistes”? Peut-on même tenter réellement cette régulation compte tenu de la nature même de cette activité? Ou au contraire faut-il considérer que seul le temps fait à l’affaire et permet d’ouvrir les perspective, tandis qu’une période “fétichiste” de la première rencontre serait nécessaire? Etc.

    Si je saisi bien le lien que tu fais ensuite entre la définition du GN et la nécessité de communiquer sur l’application pratique du GN à l’association, voire à l’équipe d’organisation pour éloigner les risques de déception, je reste cependant sur ma fin par rapport au titre de l’article.

    Il me semble que tu aurais pu risquer un approche de définition générale, tout comme on peut trouver une définition au mot “restaurant”.

    De même, envisager les limites de la définition dans ce qu’il peut y avoir de conflictuel et de développer sur ces zones de conflits. Je vais du coup développer un peu ce point car j’aimerai avoir ton analyse en réponse.

    A l’instar du restaurant: la question du “fastfood” ne fait pas recette pour tout le monde: il y a polémique. Et cette conflictualité n’est pas qu’une question de linguistes: derrière la possibilité de se réclamer du “Restaurant” se trouvent des enjeux dont les conséquences sont très palpables : TVA à taux réduit, labels qualité, fonds de financements, possibilité d’avoir recours à telle ou telle filière d’approvisionnement etc.

    Le GN n’en n’est pas encore là, mais selon moi sa définition sur un mode inclusif ou exclusif se posera férocement le jour où l’appartenance aura des conséquences financières significatives. Et ce jour est plus proche chaque jour. (car il y a des jours tous les jours 😉 #lelundimatinjaibesoindecafé )

    Sur un autre plan la zone de conflictualité est aussi -et nécessairement- source de créativité, car soumise à un enjeu d’efficacité. Si je reprends ton analogie restaurantine, pour pouvoir accéder à l’usage du terme -lucratif- “Restaurant”, les fastfoods ont dû évoluer et inclure de nombreux critères par rapport à leur projet initial. Cette évolution peut globalement être considérée comme positive pour le consommateur: plus de choix, plus de qualité…

    Inversement, face au succès du fastfood, la restauration classique aura elle aussi évolué. Peu nombreuses sont aujourd’hui les brasseries qui ne proposent pas de “burger”, fut-il “fait maison”. Intéressant car les brasseries sont probablement parmi les concurrents les plus directs des fastfood. Or, il y a encore quelques années, demander un burger dans un restaurant “classique” te faisait voir de travers.

    Il en sera probablement ainsi du GN: la définition de l’activité est une possibilité réelle, mais poreuse. L’inclusion ou l’exclusion de certaines pratiques dans cette définition n’est pas seulement liée au surinvestissement que tu mentionnais très justement mais aussi à des enjeux d’efficacité et bientôt probablement, d’argent, c’est à dire assez cyniquement de pérennité de certaines formes de GN. Définir a quelque chose de terriblement darwiniste…
    Pour boucler ce long commentaire de ton article, je ne reviendrai pas sur les enjeux d’argent déjà illustré plus haut, mais seulement sur l’efficacité. Je vais, pour les besoins de la démonstration, grossir volontairement le trait.

    A titre personnel, ayant testé les ateliers pré-GN, j’envisage aujourd’hui beaucoup plus difficilement qu’hier d’aller sur un GN qui n’en proposerai pas. Non pas que ce ne soit pas de vrais GN, mais de fait: si tout le monde se met à faire comme moi, plus personne n’ira à d’autres GN que ceux qui proposent de tels ateliers. Ainsi, à moyen ou long termes les GN sans ateliers seraient appelés à disparaitre. Cela aurait pour conséquences que la représentation et par conséquent la définition même du GN s’en trouverait modifiée.

  2. Non mais attendez, Kando, c’est pas un vrai GN 😉

  3. Ouverture d’esprit et acceptation des différentes cultures de jeu. Merci.

  4. Je vois pas en quoi la définition du concept de gn serait modifié par la systématisation de prégn. C’est une pratique intéressante qui peut avoir ou non sa pertinence en fonction de l’approche voulue mais dévaloriser les gn qui n’en font pas usage reste un jugement de valeur.

    Personellement, je préfère opter pour une définition très large du gn:

    Activité ou les joueurs incarnent physiquement des personnages et improvisent leurs comportements dans un cadre donné. (Le cadre comprenant des règles et contraintes de jeu)

    J’estime par exemple que la ligue d’impro fait du gn (narrativiste) sans le savoir ^^

  5. Tout cela me rappelle les débats des Gniales 2010 ou 11 je ne sais plus à propos du contrat social entre orgas et joueurs.

    Je pense que peu importe la définition pourvu qu’on soit d’accord dessus quand on joue ensemble, comme ça personne n’est trompé par l’événement et personne n’est dans le jugement de valeur quelle que soit sa place (joueur / pnj / orga / prestataire / etc.)

    J’ai une définition personnelle du JDR-GN :

    “Théâtre d’improvidsation à scénario imposé sans spectateur.”

    Elle est valable pour tous les GN auxquels j’ai participé ce qui lui donne à mes yeux valeur empirique aussi.

    Elle me suffit parce que quand je me demande si en tant qu’orga je suis cohérent dans mon attitude, elle me sert de “guideline” pour trouver à chacun sa place et en tant que joueur elle définit aussi jusqu’où je suis prêt à aller dans la simulation de situations. Elle est une frontière éthique en quelque sorte.

    C’est plutôt Brechtien comme positionnement parce que c’est la distance au personnage qui me procure du plaisir et non le fait de l’incarner comme il se dit parfois.

    Merci Electro-GN de faire apparaître la matière de notre loisir préféré, parce que ça fait du bien d’en parler.

    Keith / Joël

  6. Salut Cedric et tous les autres !
    Merci pour cet article. Je vais me permettre d exprimer aussi mon opinion (desole pour l absence d accents et tout ca je suis sur mon tel 🙂 ).
    Donc pour faire parallele a ton expo sur le resto je vais prendre l exemple du vampire.
    Un vampire ca n existe pas.
    Bien.
    Mais dans la culture geeko-historico machin truc un vampire ca crame au soleil ca boit du sang et c est mort vivant.
    Bon.
    Et donc si demain je produis un film dans lequel les vampires brillent boivent de la seve d acacia et sont en realite des anges on va me dire que je suis tare.
    Je n ai pas tort car un vampire ca n existe pas.
    Mais dans la culture courrante c est pas des vampires que je mets en scene je vais d ailleurs appeler ca des glurps :-D.
    Et bien pour moi le GN c est pareil.
    Pas un manque d ouverture d esprit je crois.
    Juste qu un gn c est de la deconne entre potes costumes dans un lieu donne.
    Le souci c est que je m approprie le terme gn qui est genereal pour un truc restreint.
    Mais bon.
    En lisant les propos de Lila je remarque que y a pleiiiiin de termes rigolos qui permettraient de definir les activites nouvelles. Par exemple le jeepform. Moi ca me fait pas vibrer.
    Ca a sa place en fedegn ?
    Ben oui pourquoi pas.
    C est cool ?
    Oui mais pas pour moi.
    Donc c est du gn ?
    Non du jeepform comme le jdr sur table n est pas de la zumba.
    Pourquoi ?
    Parce que dans notre culture commune si demain tu proposes un Gn qui dure 3 h pour 5 personnes sans costume et chez toi…ben perso j appellerai pas ca un gn car dans mon esprit ca n en est pas.

    Et gomme le vampire je n ais pas RAISON je defends juste le cote que tu detailles dans ton expose afin de debattre sur pourquoi certains pensent comme ca.

    Bon apres…
    On vous aime et on espere vous voir venir chez nous.
    Y aura pas forcement des termes anglais mais on filera des gobelins pour amuser les bourrins !

    Merciiii 😀

  7. Le GN, c’est une idée que je me suis créée très jeune à voir des couvertures de livre, des films, à jouer aux jeux de rôles avec mes amis, le tout agrémenté par mes propres rêves et fantasmes autour d’une table d’HeroQuest. Une image que j’ai construite, réfléchie, et chérie avec mes amis, le soir de longues discussions sur la vie et le plaisir de jouer, ou en regardant pour la centième fois Conan en VHS.
    C’est devenu un désir, mais qui est étrangement figé dans une structure que j’ai imaginé, supportée par mon expérience d’enfant.
    La première fois que j’ai participé à un GN, ça été un choc : on était loin de mes rêves idolâtrés, mais j’ai adoré tout de même. Et maintenant, quand je participe à un GN qui n’est pas entre ce premier GN et mon idéal, bah… C’est un GN de merde 😉
    Plus sérieusement, aujourd’hui j’ai ouvert les yeux et je sais que chaque GN est différent et que l’image naïve crée dans ma jeunesse n’est et ne sera jamais conforme à la réalité.
    Ce que je dis, c’est qu’avant même de savoir que « le GN » existait, je m’était déjà fait un idée d’un loisir qui serait un univers grandeur nature. Et j’ai découvert le GN, et j’ai voulu que le GN soit mon idée…
    Je comprends dès lors que chacun ait pu faire ce même parcours et en être resté là. Personnellement, je veux produire des GN comme je les ai imaginés, sans chercher à les comparer aux autres. Tous les GN sont bons à prendre à qui les considère comme tel (des GN, hein, pas des colifichets).

  8. Ouais un vrai ou un faux GN c’est comme un vrai ou un faux humoriste…Tous les goûts sont dans la nature (enfin le grandeur Nature). De par expérience, pas facile de dire que ce jeu n’est pas du GN et que celui là en est un. Je crois qu’avant tout, c’est aux participants à faire en sorte que le jeu soit un bon GN. Avant tout, c’est un jeu en société avec une émulsion commune.

  9. Merci pour cet article !

    Si vous voulez échanger sur cette question des cultures de jeu, ce sera le thème développé aux GNiales Paris les 1er et 2 novembre prochains.

    Il est encore temps de proposer vos idées d’interventions via ce lien : http://gniales.jimdo.com/intervenants-speakers/

  10. Merci pour l’article, la métaphore culinaire est sympa avec son lot de malbouffe, de réchauffé déjà vu, de four… Mais une fois encore l’assimilation du GN à un art me gêne profondément… Je sais que je suis pas dans le move actuel mais j’assume. Est ce qu’avoir une intention artistique suffit à ce que sa production soit de l’art. Est ce la finalité artistique qui prédomine quand on construit / participe à un GN? Différentes écoles, différentes chaines de restaurant. Moi, j’adore Courtepaille, la déco est sympa sans être tape à l’oeil, les gens sont bienveillants et surtout, j’ai une assiette comme la tête de Montaigne.

  11. Il faut un terme général pour qualifier l’activité en étant conscient que les bordures seront toujours un peu floues. GN me semble pas mal. Le seul souci étant qu’on l’a longtemps associé à des jeux d’une certaine taille, durée et style et que du coup ça peut rebuter de l’élargir à d’autres jeux. Mais c’est en chemin de toute façon.

    Comme disait Gilles, c’est le même processus qui se produit chaque fois que de nouvelles formes d’une activité ou d’un objet apparaissent qu’on n’avait pas anticipé. La définition s’élargit et on finit par créer des catégories qui englobent ce qui était autrefois la totalité.
    Exemple : le livre => livre numérique + livre papier.

    Et pour rajouter mes 2 centimes à la définition du GN, je retiens celle de Tilleul mais j’ajoute quelque chose qui me semble manquer : l’absence de public. Car il faut faire la différence avec le théâtre. Ou alors on décide d’appeler tout ça du théâtre et on crée une catégorie qu’on appellerait du théâtre-GN (ce que je ne propose pas). La différence avec le théâtre est pour moi fondamentale. Jouer pour soi et les autres joueurs ou jouer pour un public, c’est très différent. Bien sûr, ça n’empêche pas que ce sont deux activités qui sont proches malgré tout, que dans certains cas elles peuvent se recouvrir et que le GN est plus proche du théâtre que du pédalo. 😉

    Et OUI en tout cas pour accueillir avec bienveillance toutes les formes, dérivations, divagations en GN (et même si au final ça en fait sortir et qu’on se retrouve à faire des happenings ou du sport, on a aussi le droit de sortir du cadre, jusqu’à ne plus être appelé GN, c’est ni grave ni mal !).

  12. Fut un temps, les fiches de personnage n’indiquaient que les points de vie et la classe d’armure 🙂

  13. Un vrai GN c’est quand tous les rôles sont écrits par les organisateurs, et qu’il y a au moins un jour et une nuit de jeu (en dessous c’est une murder).

    Peu importe que ce soit un concours de cuisine, une opération paramilitaire avec de l’airsoft (ou des hélicoptères ou même des tanks !), un médiéval-futuriste ou un voyage d’entreprise.

  14. On m’a rapporté une question d’un allemand au Mittelpunkt, après une présentation par des français du GN hexagonal : “Mais les joueurs dont le personnage est écrit par les orgas payent aussi cher que ceux qui peuvent écrire leur propre personnage ?!”

  15. Je ne sais pas si le GN est un art, mais l’art peut nous aider à définir le GN : un gn serait avant tout une activité qui se revendique comme telle. Bien sûr, nous avons tous assimilés des caractéristiques qui fondent notre définition du GN. Mais, comme dans l’art, de petits malins s’amusent à questionner cette représentation, en explorer les limites pour peut-être les repousser (les jeepforms, mais aussi des jeux moins déroutant comme Beverly Place 2 par exemple). Pour faire court, on aura beau donner une définition précise du GN, il y aura toujours un malin pour en organiser un qui défiera la définition tout en entrant par cooptation dans celle-ci, la faisant ainsi évoluer. La mauvaise nouvelle, c’est qu’on trouvera toujours un rabat-joie conservateur pour nous dire que ce qu’on fait n’est pas du gn. La bonne nouvelle, c’est qu’on est dans un loisir en mouvement, qui se renouvelle en permanence et laisse la part belle à l’innovation.

  16. Félicitations pour cet article Gyfu. C’est bien raisonné et bien exprimé. Il y a évidemment une multitude de sujets à débat dans ce que tu présentes mais ça a le mérite (pas si fréquent) d’être globalement consistant.

    Et pour exprimer un avis, moi aussi, je vais reprendre la définition signalée par Tilleul, qui se trouve être celle acceptée en AG de la Fédé :

    “GN : Activité ou les joueurs incarnent physiquement des personnages et improvisent leurs comportements dans un cadre donné.”

    Je trouve qu’elle est plutôt efficace, en ce sens qu’elle englobe de façon exclusive ce qu’on connait du GN et n’enlève rien à la multiplicité des modèles.

    On peut opposer à cette démarche la vacuité de l’acte de définition, et c’est d’ailleurs ce qu’on ne se prive pas de faire bien souvent. Pourtant, on peut aussi considérer qu’il est complètement légitime de vouloir définir l’objet de notre passion.

    Et puis finalement, quelle différence cela fait-il de passer d’une situation où on dira :
    – “Ce jeu n’est pas du GN !”
    – “Qu’en sais-tu, le GN est vaste et bien malin qui saura le définir…”

    A une situation où on dira :
    – “Ce jeu n’est pas un GN, dixit la définition du GN !”
    – “Eh bien il est temps de la faire évoluer…”

  17. @ Julien: En fait,les vampires ont pas mal de variétés, même chez les geek. Ne soyons pas si mainstream ^^ (quoique les vampires brillant le sont maintenant ^^)

    http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/OurVampiresAreDifferent

    @ Stef R : Ben j’ai déja connu des gn et masslarp ou il y avait des spectateurs. (Et parfois des spectateurs à leur insu d’ailleur). J’ai du mal de voir en quoi cela change l’activité 😉

    @Cyprus: Parler d’art, c’est ouvrir la boite de pandore, il y a tellement de définitions de ce que veut dire “art” que cela sème plus la confusion plus que d’aider à définir le gn. (Et puis ce terme est tellement galvaudé)

  18. @ Tilleul : Oui mais du coup…C’est une autre créature non ?

    @ Hoog : MERCI ! Tu illustres parfaitement un point qui est présenté dans la fin de cet article.

    Comprenez : la présentation du GN.
    Souvent les orgas sont assez light sur les présentations car moins on s’engage, plus on est tranquilles mais aussi moins on en dit, plus on est serein sur le scénario !

    En ce moment j’écris un GN qui se déroule dans 2 semaines.

    Comme le décrit très bien l’article, certains joueurs pourront être déçus. Certains ont déjà manifesté leur incompréhension sur 2-3 points. Avec les autres orgas nous n’avons pas l’impression de donner des torchons mais il faut TOUJOURS garder un point en tête : le bénévolat.

    Jusqu’à preuve du contraire on est dans une fédé.
    Une fédé, c’est une assemblée d’asso.
    Et les asso, ça fait pas de bénef.

    Certaines proposent aux joueurs d’écrire leurs BG, ce qui moi ne me plaît pas en tant qu’orga, mais que j’accepte tout à fait en joueur. Sinon, je m’inscris pas et stop !

    Par contre si on peut critiquer la valeur “marchande” du matos payé par la PAF aussi bien que la bouffe, l’implication des orgas reste du bénévolat, de même que les BG, différents livres et tout ce qui va avec.

    Énoncer que le GN doit être plus cher pour ceux qui ont un BG écrit, ça revient à dire qu’on donne une valeur à son bénévolat. Je trouve ça dégueulasse. récemment j’ai écrit une murder pour un magasin de jeu et il voulait me payer en retour. Il m’a offert le repas mais j’ai refusé d’encaisser pour le travail d’écriture : j’écris pas pour de la reconnaissance, la gloire ou l’argent, j’écris pour m’amuser à voir mes potes, et donc des nouveaux aussi, se distraire.

    Donc comme écrit dans l’article, et même si j’ai été déçu par certains GN comme vous tous, le travail des orgas peut être critiquable mais pas au nom des frais engagés.

    “J’ai payé, t’as intérêt à me distraire”, à la limite ça marche pour les dames qui travaillent tard le soir…Ou quand on va voir un comique.

    Mais pour un GN, avec les autres orgas, dans 2 semaines, on rappellera que les gens paient la bouffe et le matos.
    Nous, notre temps, nos dépenses persos et notre engagement, il est sincère et bénévole, pas à vendre.

    Voila.

    Ah et pour le vrai sujet (ben oui là je m’écarte), en relisant vos commentaires pour moi en fait y’a pas de souci :

    GN = toutes les activités que vous décrivez…Dont le “GN” qui pour nous réfère à une seule de ces activités.

    C’est comme quand tu dis que tu fais de la zumba : ça peut inclure différents styles de fitness et danses…Dont la zumba ! (je vous fais c*** avec ça parce que ce soir c’est la reprise du sport ouaiiiiiiiiis).

    Des bisous.
    Ah et si vous avez la motivation de venir en Dordogne, on a peut-être 1 ou 2 places de PNJ 🙂

  19. JC a raison et je le prouve.

    Un restaurant qui ne sert pas à manger, même pas de la malbouffe, n’est pas un restaurant.
    K n’est donc pas un GN.
    CQFD.

  20. Le vrai GN est simulationiste, le reste c’est du jeu de société pour intellos!

    (Désolé mais avec “le GN est un art” vous avez réveillé le troll :P)

  21. Je vais faire mon chiant, mais on ne parle pas d’armes en airsoft, on parle de répliques 😉

    Sinon, j’ai adoré le spectre plutôt large de cet article, même si il manquait un soupçon de cuisine contemporaine qui mélangerait les genre.

  22. Je salue ( pas marie) ( désolé pour toi !) les personnes ayant des pseudonèmes, ( chien, chat.. tout y passe. ) bref tout l’monde. ( Oui même toi lucette).

    Article intéressant, un peu trop court sur le sujet.
    Pour certaines personnes, le GN est passé du stade ” événement ” organiser par des bénévoles au stade ( de foot. Rugby. CURLING!) de produit ” avec options ” ( un peu comme une voiture, ou une lada coupé sport. ). N’étant pas sociologue, je vais m’arrêter là 🙂 !

  23. @Tilleul :
    En fait, c’est moins la présence de spectateurs que le fait de jouer pour un public ou pour soi. Je précisais ‘sans public’ en fait pour faire la différence avec le théâtre (parce que sinon la définition proposée pourrait l’inclure).
    Jouer pour un public de spectateurs ou jouer pour soi change fondamentalement des tas de choses. Mais y a pas vraiment de débat aujourd’hui sans doute. Je ne connais personne qui prétende que jeu de rôles et théâtre c’est pareil (on pourrait par contre envisager de trouver une sur-catégorie dont chacun serait une composante mais je ne m’y lancerais pas).

    Et bien sûr les bordures peuvent être floues. Ce qui limite l’intérêt d’un GN pour les spectateurs, c’est que vu de l’extérieur c’est rarement intéressant. Mais ça pourrait l’être. J’ai assisté à un jeu il y a quelques temps qui se passait dans une salle, où j’entendais et voyais très clairement tous les joueurs. Et je me suis régalé. Théâtre ou GN ? Il m’a semblé qu’ils jouaient pour eux et pas pour nous (je crois leur avoir posé la question à la fin du jeu), mais ce n’est pas impossible qu’un joueur puisse être influencé par le fait de savoir qu’il y a un public. On pourra se reposer la question si ce genre d’expérience se multiplie ! 😉

  24. Réflexion intéressante en effet 😉
    Reste à savoir si un spectateur participant est encore un spectateur
    (je pense à certaines pièces de théatre ou le spectateur devient acteur également, parfois sans le savoir)

    Reste aussi à savoir si on ne se donne pas par défaut en “spectacle” aux autres joueurs quand on pratique du jeu de rôle grandeur nature.

    Tout ca me donnerait bien envie de participer à des gn expérimentaux ou à des pièces de théatre jouant avec cette frontière ^^ Y’a un potentiel de fou.

  25. Le GN Kapo (que je n’ai pas joué) avait des spectateurs. Ils n’interagissait pas avec les joueurs et n’étaient pas visibles par eux. Ils observaient simplement le jeu. Il s’agissait de personnes curieuses de voir cet événement.

  26. Je trouve cet article vraiment très bien. Et je le trouve intemporel car justement il ouvre des horizons, nous enrichit de questions et ne nous appauvrit pas de réponses.

    Pour réagir aux commentaires : même si un GN peut avoir des spectateurs, je crois que comme l’éthologue qui étudie les animaux et perturbe par sa présence leurs comportements, les spectateurs sont un obstacle. Car le GN se vit de l’intérieur. Je crois que faire du GN pour “briller” et “paraître” c’est dénaturer la raison profonde de la démarche. Or, la présence de spectateur peut nous détourner de cette recherche intérieure.

    Pour ma part, je suis assez proche de la définition donnée par la fédé (rappel) : “GN : Activité où les joueurs incarnent physiquement des personnages et improvisent leurs comportements dans un cadre donné.”

    Mais je la complèterais/modifierais ainsi :

    “Activité où les joueurs tentent d’incarner physiquement et émotionnellement des personnages et improvisent leurs comportements dans un cadre donné”

    Car la dimension d’interprétation physique est trop limitée à mes yeux, je préfère une recherche de vibrations internes tendant à se rapprocher, par un système “d’empathie intérieure”, à la psychologie conceptuelle d’un personnage imaginaire. Pour moi, la recherche de cette vibration est à l’origine de la démarche profonde du GN. J’ai beaucoup de respect pour les formats de GN dits nordiques, souvent courts et faisant appel à une forte abstraction. Néanmoins, je suis un fétichiste de l’immersion, je crois que l’illusion à 360° est une composante essentielle dans cette quête vibratoire. D’autres ingrédients s’y associent : des psychologies fouillées, des rôles à échelle humaine, un temps suffisamment important pour que l’alchimie opère, l’absence de hors jeux et une tentative (toujours imparfaite) de mettre de côté notre égo.

  27. Année 2003 “As Larp Grow Us” (https://nordiclarp.org/w/images/c/c2/2003-As.Larp.Grows.Up.pdf), chapitre 1

    Puis continuer la lecture à la page 46

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.