Le jeu de rôle grandeur nature en manifestes

Publié le vendredi 11 mars 2011 dans Articles,Dossier

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À l’issue des précédentes GNiales et face aux résidus d’obscurantisme qui semblent encore trainer sur notre activité, il est apparu nécessaire, à un petit groupe d’individus, de travailler à l’enrichissement de la culture GNistique, encore à l’état d’embryon, par le biais d’études théoriques qui analyseraient l’activité ludique comme une matière à part entière avec toute la rigueur et le sérieux de la recherche en Sciences Humaines.

Prenant comme base le mémoire que j’ai écrit pour ma deuxième année de master à l’université de Strasbourg, le présent article, sans rentrer dans les détails d’un travail universitaire pointu – que ne permettrait pas le support blog –, aura pour objet de revenir sur l’histoire importante du manifeste GNistique, malheureusement méconnue, afin de poser les bases d’une recherche expérimentale en jeu de rôle grandeur nature, encore trop peu développée.

Puisque je m’adresse ici à des initiés, il est superflu que je rentre dans les détails d’une définition du jeu de rôle grandeur nature qui ne ferait qu’alourdir cet article, nous verrons cependant que si la définition du GN paraît évidente à mes lecteurs elle pourra ne plus l’être autant d’ici quelques lignes.

dogmaturkusexy

 

Puisque cet exposé est un travail d’historienne de l’art, par déformation intellectuelle, je le commencerai donc par quelques dates et notamment cette date clef puisqu’elle marque l’avènement de « l’âge des manifestes » : 1999. En effet, loin d’être une activité éloignée des questions théoriques de recherche intellectuelle, le jeu de rôle grandeur nature connaît, depuis la fin des années 1990 un mouvement de reconnaissance du GN comme un art à part entière en Scandinavie. Ce programme de reconnaissance, commencé donc en 1999, passe par le manifeste, forme littéraire marquante de l’histoire de l’art qui a joué un rôle considérable dans le développement des avant-gardes, et qui nous intéresse tout particulièrement ici. Puisque nous nous proposons d’étudier la spécificité de ces manifeste de GNistes, nous étudierons le premier d’entre eux : le Vœu de Chasteté de Dogma99[1] rédigé par Lars Wingård et Eirik Fatland, en 1999. Manifeste inspiré du Dogme 95 de Lars Von Trier, c’est le pionnier des textes qui cherche à donner ses lettres de noblesse au jeu de rôle grandeur nature en affirmant haut et fort que le GN est un art et que ses dramaturges[2] en sont les artistes. Premier contestataire de Dogma99, nous nous intéresserons également au Manifeste de l’École de Turku[3], écrit par Mike Pohjola en 2000, manifeste des immersionists contre les dramatists [4] de Dogma99 (que ceux qui ignorent encore l’existence de ces termes se rassurent, nous reviendrons dessus un peu plus loin), puisque Turku rejette la toute puissance de l’histoire au détriment de l’immersion du joueur dans son personnage. Enfin, notre troisième et dernier exemple pour l’analyse de ces manifestes particulier sera le Manifeste de l’« École » de Post-Bjorneborgan[5], dont le ton est bien moins péremptoire que les deux manifestes précédents, mais qui est également le fruit d’une réaction aux théories précédentes écrites sur le GN.

Si les manifestes ont proliféré dans les pays nordiques, au point que Mike Pohjola a parlé de « l’âge des manifestes (1999-2002) » on peut toutefois noter que leur héritage actuel n’est pas aussi marqué qu’on aurait pu l’espérer aux vues des traces glorieuses dans lesquelles ils ont marché. Il n’en reste pas moins que ces trois textes sont représentatifs de la pensée théorique nordique lors de ce que l’on appellera les débuts de l’avant-garde GNistique, et ils demeurent, à bien des égards, des textes de référence dans l’expérimentation du jeu de rôle grandeur nature aujourd’hui.

S’ils restent des textes de référence, c’est avant tout parce que malgré leurs nombreux désaccords, la première de leur volonté, qui reste toujours d’actualité en 2011, est celle d’une diffusion massive qui pourra ainsi toucher de nouveaux publics :

babylarp

« […] la scène du GN expérimental a besoin de trouver de nouveaux joueurs, et elle a besoin de partager ses découvertes avec le reste de la communauté GNistique. Sans quoi tous deux se flétriront et mourront. […] »[6]

 

Comme toutes les activités, le jeu de rôle grandeur nature a besoin de se confronter à de nouveaux regards, et à de nouvelles réflexions pour évoluer, et pour se renouveler perpétuellement nous dit J. Tuomas Harviainen. En outre, c’est la méconnaissance autour du GN qu’il s’agit d’abord de combattre lorsque l’on rédige un manifeste, non seulement pour prouver, par ses revendications, que le discours mérite d’être entendu, mais aussi pour démontrer, que loin de rester une activité minoritaire, le jeu de rôle grandeur nature doit être testé et expérimenté. C’est en tout cas ce que déclare Dogma99, lorsque Lars Wingård et Eirik Fatland écrivent :

« Le GN doit devenir bien connu aux yeux du public comme un nouveau médium qui prend différentes formes, pas comme une curiosité. […] Le GN doit perdre son profil d’activité de la classe moyenne blanche et légèrement geek. Le recrutement doit viser tous les niveaux de la société et particulièrement les groupes où le recrutement s’est fait rare. » [7]

 

Ainsi « l’âge des manifestes » naît non seulement du besoin d’échanges avec les pairs, mais aussi de la volonté de sortir le GN de ses clichés. Or quoi de mieux que le manifeste pour exprimer le plus nettement et le plus bruyamment ses idées ?

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Les plus ronchons de mes lecteurs pourront arguer que le manifeste fait beaucoup de bruit pour rien, mais enfin, il faut bien admettre que Turku existe parce que Dogma99 a fait du bruit et a titillé Mike Pohjola, que l’école de Post-Bjorneborgan existe parce que Turku a fondé sa propre école. Il semble donc que le manifeste, loin de laisser indifférent appelle une réponse et génère un courant de réflexion qui ne serait probablement pas né sans lui.

Intéressons nous donc, brièvement car je sens que je vais vous perdre, aux contenus de ces manifestes.

Pour bien comprendre de quoi il retourne il me faut évoquer deux textes particulièrement important pour l’histoire du jeu de rôle grandeur nature nordique : The Threefold Model[8] de John Kim, complété ensuite par The Three Way Model, de Petter Bøckman en 2002. Ces deux textes ont établi une classification des différents styles de jeux, dont beaucoup aujourd’hui connaissent les grandes lignes : gamist, dramatist, simulationist et immersionist. Cette classification, qui peut paraître désuète aux scénaristes de GN français – puisqu’un consensus semble se dégager sur le fait qu’un bon jeu ne peut pas n’être que gamist, dramatist ou immersionist –, a pourtant une importance considérable dans nos manifestes puisqu’ils se revendiquent tous d’un style spécifique et s’élèvent tous en réaction contre le style gamist, qui consiste à privilégier le système de jeu, et qui suppose donc la victoire de certains joueurs sur d’autres qui seraient leurs concurrents. Pour éviter d’alourdir cet article nous vous renverrons à tous les textes mentionnés ci-dessus et nous contenterons de souligner les accords et désaccords de ces manifestes.

 

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Tous prennent donc pour cible le style de jeu gamist, qui est assimilé (et sans doute un peu hâtivement) à une forme conventionnelle du GN, forme que le grand public croit héritée du jeu vidéo et qui donne une mauvaise image de l’activité. Par son manifeste, Dogma99 veut éviter les écueils de ce style de jeu « archaïque » en se dégageant des conventions et en proposant des solutions extrêmement originales qui refusent la simulation quelle qu’elle soit. Lorsque Mike Pohjola écrit le manifeste de l’école de Turku, il tient pour acquis que la pratique gamist du GN représente le Mal Absolu et s’oppose violemment aux dramatists de Dogma99 dont l’intérêt pour l’histoire minimise le rôle du joueur, centre de la pratique immersionnist de Turku. (Précisons ici que Dogma99 est un manifeste d’organisateur écrit pour les organisateurs, et que Turku est un manifeste d’organisateur qui propose un règlement à ses joueurs) J. Tuomas Harviainen, qui joue ici la voix de la sagesse s’élève en réaction contre tous ces manifestes et propose sa recette, somme toute mollassonne (qui consiste à dire qu’on ne fait pas de bon GN uniquement dramatist ou uniquement immersionnist, mais qu’il faut marier les deux).

Le lecteur voudra bien m’excuser ce passage un peu rapide sur le contenu des manifestes (nous essayerons de leur consacrer plus de développement dans un prochain article – abonnez vous à la newsetter)  pour me concentrer sur leur forme, car il me semble que c’est précisément dans le choix de cette forme historique que se noue le véritable progrès des avant-gardes GNistiques. Car il est notable, en effet, que ce soit le manifeste qui ait été choisi par tous ces acteurs du milieu du GN scandinave, plutôt que tout autre forme de diffusion des idées. Lars Wingård et Eirik Fatland se sont directement inspirés du Dogme 95 de Lars Van Trier, allant jusqu’à lui emprunter sa structure et ses formulations. Il est encore plus intéressant de noter que choisissant de copier le manifeste d’une pratique reconnue comme le 7e Art qui nie sa qualité artistique, Dogma99, activité méconnue, se revendique, lui, comme pratique artistique et savante puisqu’elle se choisit une figure tutélaire à la pointe de l’avant-garde contemporaine ! Mike Pohjola, lui, ne s’inspire pas d’un manifeste artistique, mais bien du Manifeste du Parti Communiste, lorsqu’il exhorte les GNistes de Turku dans le monde (et non les prolétaires) à s’unir contre la déferlante gamist et dramatist. Le ton du texte, volontairement guerrier, provocateur et humoristique cherche à obtenir des réactions comme Mike Pohjola l’avoue lui-même :

« Bien sûr, il y a du travail à accomplir, mais la Révolution est en marche. Et tous les remerciements ne vont pas à l’École de Turku, mais à tous les manifestes et dogmes du jeu de rôle là dehors. Nous n’avons pas été seuls dans notre lutte. Il y a eu ceux qui se sont tenus derrière nous ou nos idées depuis le début, et ceux qui nous ont rejoint après d’âpres discussions. (Ces discussions animées que le style provocateur est justement là pour créer). »[9]

 

Même J. Tuomas Harviainen qui ne prétend pas détenir la vérité sur le GN, et qui ne propose rien de très violemment contraires aux conventions habituelles du jeu de rôle grandeur nature, ne peut s’empêcher, dans son manifeste, de déclarer en onzième point qu’« au moins un démon doit être inclus dans chaque jeu »[10], montrant par là qu’il ne dit pas non à un peu de provocation.

doigt grandeur nature

Cette provocation, qui fait preuve d’un humour non négligeable, est aussi le moyen de créer des discussions, qu’elle soit liée aux réformes proposées par l’avant-garde en question ou simplement véhiculée par le ton du texte. Or si ces théoriciens nordiques du GN souhaitent naturellement atteindre la reconnaissance du GN comme activité artistique (ou au minimum, comme activité sérieuse) auprès du plus grand nombre, il semble que leurs textes soient avant tout destinés à leurs pairs, afin de leur faire entrevoir que le GN expérimental existe et doit être développé, et ne pourra l’être que si l’on se défait de ses œillères. Pour rester dans l’esprit de ceux dont je parle ici, il me semble qu’une célèbre phrase de maître Yoda conclura à merveille ce petit laïus : « Tu dois désapprendre tout ce que tu as appris »[11].  Ô toi, ami GNiste, qui marche dans l’ombre et qui refuse de voir le Salut à portée de ta main, obéis un peu à Maître Yoda nom d’une pipe !

 

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Car il faut bien souligner que « l’âge des manifestes » n’a malheureusement pas eu l’effet escompté. Les écueils que Dogma soulignait en 1999 ne sont pas systématiquement évités en 2011, et l’expérimentation GNistique est toujours une pratique marginale. On entend encore bien trop souvent la remarque : « Peuh, c’est pas du GN ! » ou on se fait encore doucement rire au nez lorsque l’on propose des GN qui sortent des cadres conventionnels de durée et de nombre de joueurs. Pourtant s’il est bien une chose que les manifestes GNistiques ont prouvé, c’est que le jeu de rôle grandeur nature, comme tout médium, est sujet à de multiples expérimentations. Or, si ces expérimentations s’éloignent nécessairement des cadres connus, il est somme toute un peu rapide de décréter que ce n’est plus du GN mais autre chose. Pourtant aujourd’hui il me semble crucial de souligner qu’une chose ne cesse pas d’être elle-même parce qu’elle sort des barrières qui ont été placées arbitrairement autour d’elle. Le land art n’a pas cessé d’être de l’art parce l’œuvre ne survivait plus que par des traces, le Théâtre Laboratoire de Gerzy Grotowski n’a pas cessé d’être du théâtre parce qu’il a nié toutes les conventions de celui-ci jusqu’à ne plus s’intéresser qu’au rapport acteur/spectateur, et enfin le GN ne cesse pas d’être du GN parce qu’un individu un peu loufoque a décidé qu’il allait bannir le concept de découverte progressive de la situation dans son jeu.

Ainsi, j’entreprends ici de secouer un peu les résignés, les inquisiteurs et les irréductionnistes, qui brandissent leurs conventions comme des leçons ancestrales inviolables. Si le ton provocateur des manifestes est le  moyen de faire voir un peu plus loin que le bout de son nez, bon sang, réagissez !

Quelques liens utiles :

Le dogme 99 en français sur People to be, places to go

Le manifeste de Turku en français sur People to be, places to go


[1] Lars Wingård et Eirik Fatland, Dogma 99 Vow of Chastity, 1999, Oslo, Norvège, consulté sur www.larp.eu le 12 avril 2010.

[2] Playwright : dramaturge, dans le texte original.

[3] Mike Pohjola, The Manifesto of the Turku School, 3rd edition, 2003, Turku, Finlande, consulté sur www.larp.eu le 12 avril 2010.

[4] Nous préservons la langue originale de ces termes puisqu’ils sont très largement répandus dans le vocabulaire courant en France.

[5] J. Tuomas Harviainen, Post-Bjorneborgan Manifesto revisited, 2000, Consulté sur www.larp.eu le 12 avril 2010.

[6] J. Tuomas Harviainen, op. cit. « […] the experimental larp scene does need to find new players, and it needs to share its findings with the rest of the larp community. Otherwise, both will eventually wither and die. Ands lets not forget that larping with the same few people every single time gets boring pretty fast. So new blood equals better larps for all […] »

[7] Lars Wingård, Eirik Fatland, op. cit. « LARP must become well-known in the eyes of the public as a new medium that take diverse forms, not as a curiosity. […] LARP must loose its profile as a young, slightly geeky, white middle-class activity. Recruitment should aim at all levels of society, and especially at groups from which recruitment has previously been scarce. » Nous soulignons.

[8] Premier texte de John Kim rédigé en octobre 1998 pour son site internet (http://www.darkshire.net/~jhkim/rpg/theory/threefold/faq_v1.html consulté le 5 mai 2010), et régulièrement retravaillé (la dernière version connue date de 2006 publiée sur la plateforme européenne de jeu de rôle grandeur nature : www.larp.eu ).

[9] Mike Pohjola, op. cit. « Sure there’s work to be done, but the Revolution is on its way. And not all the thanks go to the Turku School, but for all the role-playing manifestoes and dogmas out there. We haven’t been alone in our struggle. There have been those that stood behind us or our ideals from the very start, and those that joined us after heated discussions. (Just those heated discussions that the provocative style is there to create.) »

[10] J. Tuomas Harviainen, op. cit. « At least one deamon must be include in every game »

[11] Oui, chez moi c’est la VF qui prime.

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Lucie CHOUPAUT

Présidente de l'association eXperience, Lucie s'intéresse aux rapports entre GN et art. Ses goûts d'organisatrice et de joueuse la portent plus particulièrement vers des jeux expérimentaux d'ambiance contemporaine et réaliste.

73 réactions à Le jeu de rôle grandeur nature en manifestes

  1. “manifeste des immersionists contre les dramatists[4] de Dogma99 (que ceux qui ignorent encore l’existence de ces termes se rassurent, nous reviendrons dessus un peu plus loin)”

    C’est dommage qu’aucun des 4 termes utilisés ne soit défini dans l’article quand même…

    Sinon, il y a aussi eu un livre écrit en français par un vieux crouton du gn français, même si je ne l’ai jamais parcouru et n’en connais donc pas trop le contenu, ça peut valoir le coup d’en
    parler aussi.

  2. Historique intéressant, mais à la lecture de cet article, je ne comprends toujours pas quelle est l’utilité de ces manifestes et où ça nous mène.
    (On dirait qu’ils ont finalement eu la même destinée que le dogme 95)

    J’aime les GN expérimentaux et il n’y en a pas assez à mon gout.
    C’est comme dans tout médium, il y a le mainstream demandé par le grand public (qui peut être sommes toute de qualité) et les productions un peu plus underground qui expérimentent et tentent
    d’innover.

    “Le GN ne cesse pas d’être du GN parce qu’un individu un peu loufoque a décidé qu’il allait bannir le concept de découverte progressive de la situation dans son jeu. “

    Euh, je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là ?

  3. Article intéressant mais c est vrai que le ton acdemique et les dogmes ne sont pas assez détailles pour que je puisse tout comprendre. Enfin il y a des pistes. Je t encourage a compléter cet
    article par d’ autres

  4. Il est intéressant, au niveau de “grand public”, et pour une meilleure “acceptation” de notre loisir, de montrer qu’il existe des études théoriques et (plus ou moins) sérieuses (qu’elles soient des
    thèses en France ou des manifestes en Suède).
    D’un autre coté, à mon sens, le GN reste un espace de liberté totale au niveau création. Mon but en tant qu’orga n’est pas de faire un GN où j’aurai du monde, mais de créer qq chose qui n’a pas
    encore été joué (en tout cas, pas à ma connaissance).
    Cela devient plus difficile maintenant, car beaucoup d’univers, de formes, et de thèmes ont été explorés en 25 ans de GN.
    Après que certaine expérimentation ne soient pas “consenssuelles”, quelle importance ?
    à bas la pensée unique ! ;o)

  5. L’article est très bien (je connaissais déjà ces manifestes), mais la conclusion reste très “partisane”. 🙂

    L’activité en France existe depuis 27 ans, et elle n’est pas totalement figée, elle a déjà considérablement évolué, et continue à évoluer constamment (du moins chez certains).

    Le tort de ta conclusion est de légèrement sous-entendre qu’il n’y aurait qu’en bouleversant les principes fondamentaux du jeu qu’on peut continuer à expérimenter, à progresser. Ce serait une
    erreur. Il y a encore une infinité de choses possibles à faire tout en gardant ses principes. Il y a encore de très belles œuvres à écrire et à jouer, dans une recherche tout aussi artistique,
    simplement en poussant plus loin à la fois la qualité de l’immersion, de la narration et du ludisme.

    Le deuxième écueil est de considérer les gens qui refuseraient de s’intéresser à des changements de principes comme des résignés, des inquisiteurs, bref, de gros réac. Pas forcement. On peut être
    amoureux de ces principes, parce que ce sont eux qui nous ont attirés dans cette activité et pas autres choses. On peut aussi avoir de longues expérimentations GNistiques derrière nous, qui nous
    ont décidé à continuer l’exploration en les poussant plus loin, sans forcément les écarter.

    Par exemple, “la découverte progressive” est un principe que je n’abandonnerai pas, non pas parce qu’il ne faudrait pas le faire. Je suis ravi que certains l’abandonnent et trouvent le moyen de
    s’amuser ainsi, mais parce qu’il est tout ce qui m’intéresse dans cette forme de jeu.

    Que chacun expérimente et progresse comme il en a envie, dans la direction qu’il se choisit, voilà, tout ce qui compte.

    Frédou

  6. mouais… (j’ai failli en rester là)

    Et si le GN c’était juste un jeu où on s’amuse avec légèreté ? Ca serait peut-être d’ailleurs le meilleur moyen d’innover…
    Et si on se satisfaisait d’être juste des gros geeks en costume ?

    Dans mon approche personnelle du GN je veux passer au delà de toutes ces questions et je suis de plus en plus attiré par une régression vers l’amusement décomplexé.
    Je suis lassé des prises de têtes dans le milieu du GN :
    – sur-intellectualisation et sur-théorisation de la pratique
    – déchirements intra et inter associatif pour des questions souvent antiproductives et antiludiques.
    – élitisme omniprésent et cercles d’influences dans lesquels il faudrait être pour exister

    Le GNist vieillit, ne se reconnait plus dans l’ado qu’il était avec son manuel D&D sous le bras – ne veut pas être assimilé à l’ado boutonneux avec sa boite de wow sous le bras.

    Arrêtons un peu de nous auto-congratuler derrière nos petites lunettes de presbytes, nos cheveux grisonnants et nos panses tombantes.

    Restons jeunes.
    N’oublions pas de nous amuser ! Soyons naïfs.

    Voilà les deux règles du manifeste du GNistes du 21ème siècle.

  7. C’est quoi “la découverte progressive” ?

  8. Ce qu’oublie de préciser Baptiste dans son article, c’est que les “nordistes du nord” ne voient pas forcément l’intérêt ludique du GN. C’est l’impression que j’ai à chaque fois que je vois des
    trucs de nordistes

    Contrairement à nous “latins-sudistes” qui veulent jouer et s’amuser. Sachant qu’on peut s’amuser en jouant un perso triste, l’amusement dans ce cas n’est pas assimilé à “grosse rigolade”.

    Il n’y a pas de mal à réfléchir sur le loisir (et jamais oublier qu’on joue).
    Même les grosses associations d’éducation populaire comme Peuple et culture, ont cette démarche de réflexion sans pour autant oublier d’animer des ateliers de jeux en bois,ou de faire des
    interventions vers le grand public.
    Leurs réflexion et leurs travaux sur le terrain leur permet d’être connues et reconnues par les institutions. (bah ouais, le Gn il y a encore du boulot;)
    Il ne faut pas que l’un empêche l’autre.

    Vu le comportement actuel des joueurs, il y a peu de risques de prises de tête et d’hégémonie de lunettes carrées.
    J’avoue que je joue en GN pour avoir pleins les mirettes et jouer mais que j’organise pour expérimenter d’autres choses allant des ressources humaines (travail et gestion d’équipe) à la tentative
    d’élaborer des règles de jeu qui ne nécessitent plus d’orgas ou en travaillant sur les objets afin qu’ils donnent du jeu au lieu d’être juste là en déco.
    On essaye ça marche ou ça marche pas, mais l’important c’est de partager pour ne pas faire les mêmes erreurs et d’améliorer les jeux qu’on organise.

  9. Ouaip, restons jeunes et amusons-nous, c’est le but au final non?

    J’ai été très emballé en découvrant les manifestes des scandinaves il y a peu, il s’en dégage des choses intéressantes. Vouloir amener le GN plus loin, vouloir briser certaines conventions lourdes
    et handicapantes, c’est très bien tout ça. Mais que cela ne se fasse pas au détriment de l’amusement. Alors, sommes-nous donc des ludistes?

    L’immersion et l’histoire sont au service de l’amusement, il ne faudrait pas oublié que dans l’expression “jeu de rôle grandeur nature”, il y a le mot “jeu”.

    Après tout, comment juge-t-on un GN réussi ? C’est celui où tout le monde déclare s’être éclaté, pas celui où l’on dirait “j’ai bien aimé l’histoire et les costumes de tout le monde”.

  10. A Graziella : relis la signature de l’article. 🙂
    A Tilleul et Thanos : La découverte progressive du scénario c’est tout simplement le fait qu’un joueur ne sache pas tout du jeu qu’a préparé l’organisateur en arrivant au début, mais qu’il le
    découvre progressivement au cours du GN.

  11. @ Thanos : la découverte progressive est le principe selon lequel le joueur découvre peu à peule scénario que l’auteur à conçu pour lui (et les autres joueurs). C’est la manière classique de faire
    un GN. Cela s’oppose donc à un fonctionnement (quand même très rare en GN) selon lequel on connait déjà tout du scénario avant de commencer à jouer. On trouve ça dans le Jeepform notamment.

    @ Raph : et en quoi s’amuser avec légèreté est incompatible avec l’idée de théoriser ? Comment peux-tu être déjà lassé des prises de tête intellectuelles sur le GN alors que c’est un mouvement
    complètement balbutiant et qu’elles ne sont imposées à personne ? Dans ton « restons jeune, soyons naïfs » j’entends plutôt un « rejetons ce qui ne me ressemble pas ».

  12. désolée…Confuse toute rouge!!

  13. @Pascal : non non, ça n’est pas ça qu’il faut comprendre. on est entre GNistes passionnés et ouverts. La preuve, on est là à lire cet article et on prend la peine de réagir. Notre préférence va
    peut-être vers des genres différents de l’activité, mais qui ont des points communs (pas toujours facile à nommer d’ailleurs) qu’on apprécie tous unanimement et qui nous réunissent.

    Ce qu’on ne peut pas nier quand on commence un peu à s’impliquer dans le milieu c’est qu’il existe des gens influents qui, peut-être inconsciemment, posent à un moment donné les “normes” de ce que
    doit être un bon GN. (attention, entendons nous bien, si je suis là à participer c’est que dans une certaine mesure, je fais partie de ces gens là)

    Je ne veux surtout pas rentrer dans un jugement de valeur, mais on sait tous pertinemment qu’il y a des courants de pensée comme les “anti-med-bour” ou les “pro-mass-larp” ou les “freeplayers”
    (clin d’oeil), les “buveurs-de-thé” qui, à un moment donné ont le vent en poupe dans le milieu et font les modes. Mais ce ne sont que des modes…

    A chaque fois, et c’est ce que je reproche à ce courant, c’est qu’on théorise le GN dans le but de définir ce qui est bon ou mauvais et surtout en prêtant au GN des vertus qu’il n’a pas.

    J’ai l’impression qu’on essaye de se faire mousser en affirmant qu’un GN c’est une oeuvre artistique ou encore une véritable action d’éducation populaire (pour ne prendre que ces deux
    exemples).
    Je ne nie pas ces dimensions dans le GN mais ce n’est pas ça qui constitue le coeur de notre activité. C’est pas parce qu’un GN est artistique qu’un joueur lambda va faire BCB. C’est surement pas
    parce qu’un GN est un acte d’éduc. pop. qu’il y a du GN sur invitation “entre gens biens”.

    C’est avant tout parce qu’on apprécie le jeu de rôle en grandeur nature, en prenant cette expression au sens littéral.

    C’est bien de vouloir présenter le GN sous son meilleur jour mais ça ne sert à rien d’essayer de se convaincre que le GN est autre chose que ce qu’il est en réalité.
    Le GN ne sera jamais le 8ème art, comme il ne sera jamais une oeuvre caritative.

    Jouons avec nos yeux d’enfant, parce qu’un GN ce n’est pas grand chose de plus que de jouer au papa et à la maman ou aux cowboys et aux indiens.

    Pour répondre plus précisément à ta question, ce qui m’agace c’est qu’on a tendance à passer tous beaucoup de temps à se fritter gentiment plutôt qu’à jouer… Parce qu’on se donne des complexe et
    qu’on s’impose des références impossibles à atteindre.

    De l’action louable d’il y a quelques années qui était de rendre le GN présentable aux yeux du grand public il arrive qu’on en vienne à le rendre paradoxalement de moins en moins ouvert.

  14. “On entend encore bien trop souvent la remarque : « Peuh, c’est pas du GN ! » ou on se fait encore doucement rire au nez lorsque l’on propose des GN qui sortent des cadres conventionnels de durée
    et de nombre de joueurs.”
    N’est-ce pas le propre de l’expérimentation que de susciter ce genre de réaction? Dogme 95 n’a pas du recevoir un meilleur accueil, des films comme “les idiots” ou “Dogville” n’ont pas vraiment
    remporté l’adhésion du grand public. Je comprends qu’on veuille théoriser sur le GN, je m’y emploie parfois à mon tout petit niveau, mais je pense qu’il ne faut pas oublier que le “grand public” à
    des attentes de “grand public”, et que perturber ces attentes c’est risqué de le décevoir et de le braquer (au risque de voir le joueur considérer que c’est nul et de se lancer dans le freeplay
    pour améliorer ce jeu qu’il estime raté).
    Bref, théoriser oui, mais sans pour autant cracher dans la soupe et les veilles ficelles, car si elles existent c’est aussi parce qu’elles fonctionnent et répondent à une certaine attente.

  15. Pour ceux qui se posent des questions sur le modèle gamist/narrativist/simulationnist, nous écrirons probablement quelque chose à ce sujet sur ce blog, en attendant je vous renvoie à ces
    explications en français : http://ptgptb.free.fr/index.php/le-modele-a-trois-volets-faq/

  16. Pour ceux qui regrettent le manque de profondeur sur les manifestes en eux-mêmes, deux articles sont en préparation respectivement sur Dogma99 et Turku (et on reviendra notamment sur l’utilité des
    manifestes).
    A aucun moment il n’est question d’opposer aspect ludique et expérimentation, bien au contraire, et d’ailleurs il ne me semble pas que les nordistes aient complètement abandonné l’aspect ludique
    dans leur pratique du GN (aux dernières GNiales les créateurs du Jeepform nous ont bien dit que leur but était le “fun” qu’ils ont cependant opposé à “funny”). Il ne s’agit pas non plus de “cracher
    dans la soupe” ou même de rejeter le GN “traditionnel”, mais bien de souligner le danger de remarques réactionnaires telles que “ce n’est pas du GN”.

  17. Mais quel danger ?
    “Ce n’est pas du gn” est l’équivalent du “ce n’est pas de l’art” lâché dans une expo d’art conceptuel.
    C’est peut être un jugement à l’emporte pièce mais je ne vois pas en quoi ca met le gn en péril ?

    Étant donné que tout comme le terme “art” le terme gn peut prendre de multiples définitions, les limites sont peu définie.
    D’ailleurs est ce que la ligue d’impro fait du gn sans le savoir ? Est ce que le malade imaginaire est un gn ? Quelle est la finalité de ce type de réflexion ?

  18. Je crois qu’il faut arrêter avec les querelles de noms. Tout le monde se fiche de savoir si c’est du GN ou pas du GN. Ce n’est qu’une question d’usage de mots totalement arbitraires.

    Quand ceux que tu traites de réac disent “Ce n’est pas du GN”, le sens est “Ce n’est pas les principes fondamentaux avec lesquels on joue, auxquels on est attaché, et qui nous intéressent dans
    cette activité”. Et ça, c’est une opinion des plus respectables.

    Quant à faire la leçon sur l’expérimentation, je rappelle que tu as très très peu joué Lucie, que tu n’as jamais fait de med’bour, jamais crée ton propre personnage dans une campagne, jamais sué
    dans une bataille de masse, jamais joué en jeu continu,… A la réalité, toi aussi, tu as des goûts, et il y a des formes d’expérimentations qui ne t’intéressent pas.

    Frédou

  19. @Tilleul : c’est exactement comme la déclaration “ce n’est pas de l’art”, et mes interrogations sur le GN sont bien nées de là. En effet, le danger n’est pas pour l’activité elle-même mais pour les
    individus qui portent ces jugements hâtifs. Or, exactement comme pour l’art on juge souvent par ignorance. Ces articles sur les manifestes ne s’adressent pas à ceux qui réfléchissent déjà sur la
    question, mais à ceux qui ne les connaissent tout simplement pas et qui n’imaginent pas tout ce qui peut exister comme expérimentation et comme recherche sur ce qu’ils ne voient, à raison
    peut-être, que comme un jeu.

    @Frédou : je crois que les querelles de noms commencent précisément là où les gens s’exclament “mais ce n’est pas du GN !”. Et contrairement à toi je pense qu’il est important de bien nommer les
    choses pour être sûr de ne pas tomber dans des dialogues de sourds.
    Quant au fait que j’ai peu joué : parce que je ne suis pas une artiste je n’aurais pas le droit d’étudier l’art et son histoire et d’apporter des réflexions intéressantes sur la question ? Non
    seulement je trouve ce genre de remarques particulièrement insultantes, mais en plus, ne me connaissant pas personnellement, tu ne sais absolument pas ce qui m’intéresse ou ne m’intéresse pas.

  20. Oui, des noms sont utiles. Mais tu n’as pas plus de légitimé que les autres pour décider de ce que doivent englober les noms. Donc quand tu dis “c’est du GN” et que les autres disent “ce n’est pas
    du GN”, ni les uns, ni les autres, n’ont tort ou raison. Tout dépend de la définition adoptée et vous n’avez simplement pas la même. En général, c’est l’usage qui finit par faire les mots.

    Personne n’a dit que tu n’avais pas le droit d’étudier le GN, ni même d’apporter plein de réflexions intéressantes, mais est-ce une raison pour faire la leçon aux autres parce que tels ou tels
    principes ne les intéresseraient pas ? Ne crois-tu pas qu’ils ont le droit de savoir ce qu’ils aiment dans cette activité, d’y rester attaché et d’expérimenter et progresser à leur manière ?
    Imagine que tu rencontres Michel-ange, tu lui dirais “Eh mon gars, vois plus loin que le bout de ton nez, si tu n’expérimentes pas le cubisme et le minimalisme, t’es qu’un gros cave.”
    Il y a plein de façon d’expérimenter, de progresser, celles qui consistent à modifier certains principes n’intéressent pas forcément tout le monde, et c’est une opinion totalement respectable.

  21. Sur le fond du débat sur l’expérimentation, on peut quand même honnêtement constater qu’il y a un manque doublé d’un dénigrement.
    Les orgas sont presque systématiquement motivé par le fait que leur jeu doive absolument bien fonctionner, qu’il serait malhonnête envers les joueurs de proposer un jeu prenant des risques. C’est
    de ce coté qu’il faut combattre. La plupart des orgas iront plutôt regarder les autres se vautrer afin d’éviter de se vautrer eux même, quittes à reprendre par contre les idées qui
    fonctionnent.

    Cela dit, se vautrer sur un jeu risqué restera extrêmement mal vu dans le milieu, et c’est de cette mentalité là qu’il faut se méfier. Actuellement, les gens qui expérimentent ont plutôt une
    mauvaise réputation, alors qu’ils servent directement l’ensemble de la communauté.

    Si vous ne voulez pas expérimenter en tant qu’orga, personne ne vous y oblige, mais si vous allez sur un jeu en joueur et que les orgas expérimentent des choses et se plantent, respecter la
    tentative et résister à l’envie de les dénigrer serait déjà un bon pas en avant. (et prévenir d’un jeu risqué ne fonctionnerai pas, puisque ça en fausserai forcément les résultats en attirant
    uniquement les joueurs déjà prêts)

  22. En réponse à “Si vous ne voulez pas expérimenter…”. Encore une fois, il y a quantité d’expérimentations possibles tout en restant attaché à certains principes. Et toute expérimentation n’a pas à
    être menée en “aveugle”, on peut aussi savoir où l’on va et mesurer les risques que l’on prend. A chacun de choisir.
    Tu ne pourras pas forcer les joueurs à aimer un jeu sous prétexte qu’il est expérimental. Comme pour tout jeu, à l’auteur de choisir des joueurs adéquats, et d’assumer le risque qu’il prend, risque
    qui sera toujours de “décevoir”.

  23. Évidemment, tout se joue sur la prise de risques que tu acceptes, et les “principes”, disons plutôt les habitudes de jeu, que tu remets en cause. On peut tout à fait mesurer les risque, et prendre
    le parti d’en prendre un grand. Bref, petit ou grand, expérimenter une nouvelle pratique peut flingue un jeu comme il peut le rendre inoubliable. Dans le second cas, le problème ne se pose pas,
    mais c’est le premier qui est moins bien géré et qui m’intéresse.

    Le problème est précisément sur la déception, et rares sont les orgas qui acceptent l’idée de décevoir leurs joueurs. Et nombreux sont les joueurs à ne pas faire confiance à un orga qui les a déçu.
    C’est surtout ça qu’il faut changer.

  24. Par curiosité, et non par jugement, ils ont en dit quoi tes profs?

  25. @Joris: A mes yeux, il y a une très grosse différence entre changer des habitudes de jeu et changer des principes fondamentaux. La plupart de mes jeux, par leur originalité, ont toujours changé des
    habitudes. Donner les backs sur place, c’est encore changer une grosse habitude. En revanche, les principes fondamentaux restent toujours les mêmes : le joueur incarne un personnage, ne voit et
    n’agit qu’à travers lui, donc découvre progressivement le scénario, sans pouvoir se hisser à un méta-niveau.
    Si on change ces principes, on change “l’intérêt” du jeu, sans aucun jugement de valeur. Si le jeu est une enquête qui consiste à découvrir que l’assassin du baron est son majordome, changer le
    principe en faisant lire le scénario au joueur, détruit cet intérêt là. Je ne doute pas qu’on puisse alors trouver d’autres intérêts, mais la nature du jeu et la raison pour laquelle on le joue
    auront changé substantiellement.

  26. @Joris : tu dis :

    “Cela dit, se vautrer sur un jeu risqué restera extrêmement mal vu dans le milieu, et c’est de cette mentalité là qu’il faut se méfier.”

    Est-ce que tu as des exemples de GN où des risques ont été pris et où ça n’a pas marché ? Perso, je n’arrive pas à voir quel genre de risque peuvent être pris et surtout dans quels cas les orgas
    auraient été dénigrés pour avoir pris ces risques. C’est sans doute parce que je suis assez jeune GNistiquement parlant, mais j’ai du mal à voir quel genre de grosses expérimentations peuvent être
    faites, dans le cadre d’un GN classique.

    Sinon, je suis assez d’accord avec Fredou, c’est quand même pas de savoir dans quoi on s’embarque quand on s’inscrit sur un GN. Si clairement un orga fait son GN en sachant qu’il va expérimenter
    quelque chose de nouveau et d’hasardeux, c’est quand même la moindre des choses d’en prévenir les joueurs avant. Effectivement s’inscrira qui y est préparé, mais c’est normal que quelqu’un qui
    n’est pas au courant et qui pense s’inscrire à un GN classique pourra se sentir laisé et frustré si l’expérimentation se révèle catastrophique. S’il était prévenu à l’avance, ben il sera venu en
    connaissance de cause et n’aura rien à dire.
    Typiquement, si tu lances des inscriptions pour la murder “qui a assassiné le baron ?” et qu’une fois les joueurs sur place, tu leur dis que c’est du jeepform et que tu veux “expérimenter”, faut
    pas s’étonner si certains réagissent mal. Alors que si ça se trouve, ils auraient été ravi d’essayer le jeepform si on leur avait dit à l’avance de quoi il s’agissait.

  27. article très intéressant !

    cependant, je ne suis pas d’accord du tout avec cette affirmation : “un consensus semble se dégager sur le fait qu’un bon jeu ne peut pas n’être que gamist, dramatist ou immersionist”

    je suis même convaincu du contraire !

  28. @ graziella : ils ont trouvé ça intéressant. Mais c’étaient des profs d’arts plastiques qui ne connaissaient strictement rien au GN.

    @ Hoog : je n’ai pas inventé le consensus dont je parle c’est de ces trois manifestes qu’il se dégage. Que ce soit vrai ou faux, c’est une idée que partagent Dogma, Turku et Post-Bjorneborgan.

  29. Lucie,
    Merci pour ta réponse.
    Je veux bien admettre (même si j’en doute) que je suis le seul à opposer l’avis selon lequel un bon GN doit être à la fois G, N et S (pour faire simple).
    Cependant, j’ai bien relu une nouvelle fois ces trois manifestes, et ils ne soutiennent absolument pas cette thèse !
    En résumé :
    – Dogma99 dit juste que le GN n’est pas du gamism.
    – Turku dit que, entre G, N et S, certaines approches sont meilleures que d’autres (même s’il n’utilise pas exactement la même classification).
    – Post-B n’évoque pas ce sujet.
    Donc le consensus que tu évoques ne provient pas des trois fameux manifestes.
    Je conteste d’ailleurs ici une nouvelle fois l’avis selon lequel un bon GN doit être à la fois G, N et S. C’est un de mes sujets fétiches ^^. Pour faire simple, je suis un disciple de Ron Edwards :
    en gros, tous les participants d’un GN (lui parle du JDR, mais je transpose) doivent savoir dans quel mode on joue, et le jeu doit être créé pour favoriser ce mode (notamment au niveau des
    règles).
    Maintenant, j’ai souvent entendu l’avis que tu évoques (en gros : “le GNS est dépassé ou ne sert à rien”) chez des JDRistes et des GNistes qui contestent la théorie GNS, voire l’utilité de la
    théorie du JDR/GN en général. Peut-être partages-tu leur avis, ou peut-être as-tu été influencée par eux ? Je suis peut-être à côté de la plaque, mais cela expliquerait ta perception que cet avis
    est un consensus.

  30. Non, je te garantis que je n’ai pas d’avis sur la question. J’ai tout relu, et il y a effectivement un peu de surinterprétation de ma part, voilà comment je le comprends :
    Dogma99 s’oppose effectivement au GN conventionnel gamist en précisant bien qu’il ne s’agit pas de le faire disparaître, mais bien de réduire sa position dominante. En outre, ils écrivent ceci “We
    therefore appeal to the playwrights of the current mainstream to organise new and different LARPs, experiment with new methods, and explore or create other genres”, pour eux tous les auteurs de GN
    sont des dramaturges et en dehors du gamism, les autres cases ne semblent pas les intéresser, comme si elles n’avaient pas lieu d’être en somme.
    Turku met en avant l’immersion (eläytiminen) et la simulation en critiquant gamism et dramatism. or les critiques faites au dramatist (et donc à Dogma99) ne tiennent pas tellement et mettent en
    lumière que même dans un manifeste de dramaturges, la position dramatist est loin d’être fixe.
    Malgré le ton très provocateur de Turku, les idées sont aussi loin d’être tranchées, et Pohjola parle des gens qui mixent les idées G/D/I/S : “the truth is, with all this going on, the original
    four-way divide is fast losing significance, at least among the avant garde of role playing. the most interesting dramatist concepts have evolved just as much as those of the eläytyjists and
    simulationists. So much so that they’re all transcending into something much bigger”.
    Post Bjorneborgan n’emploie pas les termes, mais le ton mesuré indique qu’il est pour un savant mélange des différents genre, en particulier quand il dit que l’immersion à tout prix peut détruire
    le jeu, ou quand il précise en règle 1 qu’un GN n’est ni une compétition, ni un forme d’expression théâtrale (je le comprends comme une référence très claire au gamism et au dramatism).
    donc voilà, ma lecture des manifestes me laisse entendre que leurs positions vis à vis de ces styles sont loin d’être aussi tranchées qu’il n’y paraît. Parler de consensus est peut-être un peu trop
    fort cependant. Mais même dans The Threefold Model et The Three Way Model, Kim et Bockman présentent les styles de manière un peu poreuse.

  31. Re 🙂
    Là encore, je ne suis pas tout à fait d’accord. Kim, par exemple, explique bien les différences entre les trois approches. Il explique que l’approche choisie va déterminer ce qu’on privilégie en
    jeu. Qu’un choix clair d’approche permet un meilleur jeu. Et que des approches différentes au sein d’un même jeu auront tendance à rentrer en conflit.
    PS : Je ne conteste pas pour dénigrer ton article, hein. Au contraire, j’apprécie énormément la direction que prend ce blog, ainsi que cette discussion.

  32. ce qui me fait parler de porosité dans le texte de Kim entre les trois styles c’est ça :
    “The Threefold is one method of classification, which divides styles up into how much they are Drama-oriented, Game-oriented, and/or Simulation-oriented.” Il me semble que le “oriented” montre que
    ce n’est pas une étiquette catégorique.
    “Your individual style cannot be pidgeonholed into a single word. More to the point, you probably use a mix of different techniques, and work towards more than one goal. You may tend more towards
    one corner of the triangle, but you probably value a mix.” A propos de savoir si on est plutôt un joueur type gamist/dramatist/immersionist, Kim répond que ce n’est pas tout blanc ou tout noir et
    qu’il s’agit plus d’un mix.
    “Even a perfectly simulationist or gamist campaign will have dramatic bits in them. ” là encore il dit qu’un jeu ne peut pas être complètement gamist, qu’il y aura des éléments tirés d’autres
    styles de jeux.
    Même s’il définit trois grandes tendances il ne me semble pas qu’il en fasse des catégories figées qui puissent s’adapter parfaitement à toutes les formes de jeux.
    Une fois encore, c’est ma lecture des textes et je n’ai pas d’avis personnel sur la question.

  33. Je vais faire redescendre un peu le niveau de ce débat et je vous prie de m’en excuser, mais j’aimerais revenir sur un sujet accroché au passage dans la séries de commentaires : la
    terminologie.

    Je suis de l’avis de Lucie : il faut délimiter les termes. C’est nécessaire parce que dans le cas contraire c’est le règne du malentendu. L’imprécision terminologique n’est pas le respect d’une
    certaine forme de liberté d’expression, c’est l’incapacité de se comprendre, qui conduit bien souvent à l’incapacité de s’écouter et finalement au rejet arbitraire.

    Donc oui, il faut s’entendre sur ce que signifie le mot GN et c’est dommage de dire “ceci n’en est pas”, parce que cette phrase à elle seule implique de facto qu’on a choisi une définition du terme
    GN, sans même qu’elle soit précisée, et qu’on en exclut le genre évoqué sans plus d’explication. C’est ce qui donne cette impression de rejet brutal et réactionnaire pour délit de non conformité
    aux habitudes.

    Il y a 10 ans, quand j’ai commencé à parler de monter un GN one shot avec des feuilles de personnages pré-écrites (Histoire de fantômes chinois en l’occurrence), une bonne moitié de mes petits
    camarades GNiste se sont écriés “ça n’est pas du GN”. Leur sentence venait là aussi d’une définition arbitraire et non partagée du terme et d’un rejet péremptoire pour délit de non conformité.

    Si on veut exclure, on commence donc par définir de quel périmètre on parle.

    Mais finalement, le GN étant à mon avis une activité qui est encore au stade de l’enfance, il me semble bien moins pertinent de définir un périmètre étriqué et d’ensuite chercher à le défendre de
    toute intrusion, que d’être au contraire très ouvert à la nouveauté, l’expérience et l’épanouissement.

  34. Et vous allez faire quoi pour “imposer” votre définition à beaucoup d’autres et changer l’usage ? Protester, rabâcher, insister… Alors que ce n’est qu’un mot et que l’une n’est pas plus légitime
    que l’autre ?

    Le problème à mes yeux n’est pas tant de faire englober le jeepform dans le GN par exemple. Mais 99,999% des GNs qui sont organisés en France utilisent les mêmes principes fondamentaux, dont le
    principe de “découverte progressive”, qui est surtout le principe “d’identification maximum entre joueur et personnage” (le joueur ne parle, n’agit, ne sait qu’à travers son alter ego).

    Pourquoi ne pas appeler GN une forme de jeu beaucoup plus large que cela, mais alors comment appeler tous ces jeux qui se jouent depuis 25 ans qui bien qu’ayant des formes différentes, des
    habitudes différentes, ont tous, sans exception, les mêmes principes fondamentaux ? Le problème de nomenclature, vous ne faites que le déplacer.

  35. “imposer” est un mot que tu poses sur mon argumentation de façon arbitraire. Je n’ai pas l’impression d’avoir voulu imposer une terminologie mais seulement d’avoir défendu l’utilité d’en trouver
    une sur laquelle on s’entende. La nuance est de taille.

    D’une certaine manière tu définis pas mal toi-même sans vraiment le dire quand tu évoques les 99% de GN à découverte progressive. Cette définition est arbitraire. Tu la trouves sans doute logique ?
    J’avoue que je la trouve pas mal. Combien ne la comprennent même pas ?

    Et puis surtout, selon ce même raisonnement, il y a 10 ans le jeu un peu classe avec des persos pré-écrits n’était pas du GN, parce lui aussi ne correspondait pas à la fiche technique de 99% de ce
    qui se faisait. L’Agonie du Poète, pas un GN ? Allons…

  36. Toute l’incompréhension entre nous est dans la notion de “principe fondamental”, sans rapport avec des “habitudes de jeux”. Que le back soit écrit par l’orga, par le joueur avec validation, qu’il
    n’y ait presque pas de back, que le jeu soit une campagne ou mille autre chose, le principe fondamental qui est “l’identification du joueur à un personnage” (il ne sait, ne voit, n’agit que par
    lui) est caractéristique d’une forme de jeu, et en détermine les mécanismes. C’est le “jeu” que l’on joue, et que jusqu’ici, on appelle GN. Qu’on élargisse l’appellation, moi, je m’en fiche, mais
    vous n’échapperez pas à devoir redonner un nom à cette forme caractéristique.

    Après qu’on appelle GN un jeu sans ces principes, moi, ça ne me dérange en rien. Encore qu’en ce sens, le théâtre d’impro devient du GN, et le théâtre aussi pourquoi pas. A moins que vous ne
    dégagiez de nouveaux principes fondamentaux.

    Finalement, un gros manque dans l’article de Lucie c’est justement de ne pas avoir défini GN.

  37. Salut Lucie 🙂
    Concernant ton premier point :
    Il me semble, au contraire, que l’orientation est bien une catégorie absolue : on ne peut pas jouer en même temps en privilégiant plusieurs objectifs. On peut en concilier plusieurs, mais on ne
    peut en privilégier qu’un seul.
    Concernant ton second point :
    Parler du style d’un joueur est, à mon sens, trompeur. Un joueur peut apprécier plusieurs approches, mais pas simultanément, dans un même jeu. Par exemple, on peut aimer le bon vieux medbour PvP,
    et apprécier également le jeep 100% narrativiste. Cependant, j’avoue que la formulation de Kim est ambigüe.
    Concernant ton troisième point :
    Il me semble que ce que dit Kim, c’est que le fait qu’il y ait un challenge (plutôt associé à l’optique gamist) dans un jeu simulationist ne signifie pas que le jeu est à la fois gamist et
    simulationist. L’approche est bien Sim, et le challenge n’est qu’une considération secondaire. De plus, le fait de se tenir à cette approche, et de favoriser l’optique Sim par rapport aux autres,
    fait que le jeu est meilleur. A mon sens, Kim fait donc bien une catégorisation franche, qui s’applique à tous les jeux. Mais là encore, je concède que sa prose n’est pas 100% limpide.
    En aparté, ma perception personnelle est que beaucoup de jeux ne sont pas écrits et gérés dans une approche unique clairement G, N ou S. Je pense que c’est dû à une manque de connaissance théorique
    de la part des orgas, et je pense que ça mène à des jeux de moindre qualité. Mais clairement, ça existe.

  38. Frédou, Pascal,
    Pour faire avancer le débat, voici la définition de Dogma99 du GN :
    “A LARP is a meeting between people who, through their roles, relate to each other in a fictional world.”
    Je ne dis pas que c’est LA définition du GN, mais elle me semble relativement pertinente.

  39. Hoog, j’en discutais hier avec Vincent et effectivement je pense que tu as raison.
    Du coup je pense qu’un article sur les styles de jeu serait vraiment intéressant, et quelqu’un va s’atteler à la tâche. 🙂

  40. Super ! Le GNS est un sujet passionnant, qui mérite d’être plus amplement connu. Si je peux aider, n’hésitez pas !

  41. @ Hoog : c’est effectivement une définition intéressante, mais je suis toutefois surpris de n’y voir aucune mention de la notion de jeu. Comment ça s’explique ?

    J’aurais tendance à dire que le GN comporte déjà deux piliers fondamentaux assez flagrants que sont l’aspect ludique et l’interprétation d’un rôle. A cela j’ajouterais les interactions, la création
    du contexte en continu, le fait qu’il s’agit de fiction et qu’il existe des règles qui régissent les actions et la mise en scène.

    Ca pourrait donner cette définition : Le GN est un jeu dans lequel les participants interprètent des rôles et interagissent de façon créative dans un contexte de fiction, conventionné par des
    règles.

    Je n’y mettrais pas :
    – la notion de scénario, ni même d’histoire,
    – la notion de découverte progressive, ni même de découverte tout court,
    – la notion de clivage entre les orgas et les joueurs.
    Ce sont des éléments qui contribuent à me faire aimer un GN mais je ne les crois pas nécessaires à sa définition.

  42. “A LARP is a meeting between people who, through their roles, relate to each other in a fictional world.”

    Avec une définition aussi succincte, le théâtre est du GN, le théâtre d’improvisation aussi, certaines formes de reconstitution également.

  43. @Pascal :
    Je trouve le terme “jeu” ambigu. On peut le comprendre au sens du “jeu d’acteur” et du “jeu de Monopoly”. La définition de Dogma99 mentionne implicitement le jeu d’acteur, puisqu’il est question
    d’interaction via des rôles. En revanche, elle ne mentionne pas le jeu au sens Monopoly, car elle englobe les GN où il n’y a aucun challenge à vaincre ni aucune concurrence entre participants (pas
    de combat à l’épée en latex à gagner, pas d’énigme à résoudre, etc.).

    @Frédou :
    J’avoue que la séparation n’apparaît pas comme immédiate :). Le théâtre me semble tout de même exclu, parce que les interactions sont figées d’avance. De même, la reconstitution me semble devoir
    être considérée à part puisque les participants n’ont pas de rôle (pour autant que je sache). Reste le théâtre d’impro, qui correspond effectivement à cette définition de Dogma99. Quelle différence
    fondamentale verrais-tu entre le théâtre d’impro et le GN ? Pour ma part, c’est la notion de concurrence dans la qualité de l’interprétation : si je ne m’abuse, le jeu d’acteur des participants
    d’un match d’impro est jugé par le public, qui désigne un vainqueur.

  44. Dans le théatre, les interactions sont toujours figées d’avance ?
    Ce n’est pas toujours le cas et il y a même des pieces ou l’on fait jouer les spectateurs !
    Et non le théatre d’impro n’est pas toujours une battle entre deux équipes…

  45. Sur la question d’une terminologie :

    l’exercice de la définition est un exercice sans fin selon moi. Pourtant il est nécessaire puisqu’il pose une base indispensable au dialogue. C’est pourquoi j’ai écrit l’article récent sur scénario
    et backstory. Le but est de se mettre d’accord sur un langage commun avant de développer une série de réflexions et de propositions.

    En revanche, l’exercice de la définition absolue de ce qu’est un GN par rapport à d’autres loisir me parait presque vain. Il me semble évident que la définition n’est jamais que provisoire, tant il
    est simple d’imaginer un style de jeu qui soit à la frontière même de cette définition.

    Attention : La définition est vaine mais le débat pour l’obtenir est riche. Puisqu’il permet justement de penser à tous ces jeux qui s’éloigne de ce qu’on imagine lorsqu’on prononce le mot GN.

    Enfin : Le débat est riche mais la recherche de la définition est dangereuse. Car lorsqu’un article propose un modèle ou un système, il est évident que ce modèle n’est qu’une proposition. refuser
    la proposition sous prétexte qu’elle n’est pas absolue, c’est déjà de l’irréductionnisme, et je trouve toujours que ceux qui pose systématiquement la complexité comme un mur face à toute forme de
    proposition, sont dans l’erreur.

  46. Et en reconstitution, les rôles peuvent être historiquement reconstitué. Je pense chez nous les belges à la bataille de Waterloo ou chaque participant a un rôle bien défini.
    Mais mais, attendez un instant, il font du gn jeep form…

    Encore une fois, ca prouve que ces fous avant-gardistes pensent avoir créé ce qui existait bien avant que Gary Gigax ne naisse.

  47. @Hoog: Des intéractions figées ne sont que des cas particuliers d’interactions (et encore une marge d’interprétation existe bel et bien). Quel mot dans cette définition affirme qu’elles ne doivent
    pas l’être ? Le théâtre d’impro ne se limite pas à des matchs, ni même à la présence d’un public qui n’est présent qu’en représentation, et non durant les nombreuses sessions d’entrainement.
    Beaucoup de reconstituteurs se créent un personnage dont ils portent le costume et interagissent avec les autres en accord avec leur “rôle” (ex: reconstit des armées napoléonienne).

    Depuis une douzaine d’années, je parle du GN comme d'”un jeu d’interactions de personnages”, ce qui n’est pas tellement loin de cet énoncé, mais à mes yeux, ça n’a jamais été qu’une formulation
    pour le présenter, en rien une définition suffisante.

    @Baptiste: je ne crois pas à une “complexité” du GN, tout au contraire, je crois qu’il est basé sur quelques principes fondamentaux, extrêmement simples, qui posent la notion de joueurs,
    d’organisateurs, de personnages, d’univers de jeu.

  48. OK les amis, dans ce cas le “théâtre d’impro hors match” et la “reconstitution avec personnage” sont bel et bien du GN, au sens de la définition Dogma99.
    Le “théâtre sans texte” j’ai plus de mal, mais je vous crois :).

  49. Je ne dis pas que le théâtre en serait dans la tête des créateurs de Dogma99, non, ça j’en doute beaucoup. Mais que leur définition, par ses mots, ne contredit en rien la présence d’un texte figé.
    D’où la nécessité d’avoir plus que cette définition totalement vague, des principes de jeu fondamentaux, comme par exemple : “liberté d’action à travers le personnage.” Et là, plus de théâtre.
    Pour définir le GN “classique”, celui que l’on pratique abondamment, dans toute sa diversité de formes et de genres, 5 ou 6 principes élémentaires devraient suffire.

  50. …mais toujours le théâtre d’impro.

    Cinq ou six piliers…

    – Jeu : au sens ludique, parce que GN reste l’abréviation de jeu de rôle en grandeur nature et cette notion d’amusement ludique est difficile à contourner.
    – Rôle : au sens interprétation ou incarnation, parce que ça aussi c’est contenu dans le nom.
    – Interactions : parce que ça se pratique à plusieurs personnes qui communiquent entre elles.
    – Création en continu : parce que les participants inventent le contexte au fur et à mesure, même si ça peut être limité.
    – Fiction : parce qu’il ne s’agit pas de rejouer un événement réel mais d’inventer.
    – Règlementé : parce qu’un GN se définit toujours au travers de règles de comportement et de mise en scène.

    Ce qui me conduisait plus haut à :
    « Le GN est un jeu dans lequel les participants interprètent des rôles et interagissent de façon créative dans un contexte de fiction, conventionné par des règles. »

    Le pilier « fiction » me semble être le plus fragile et aussi le plus arbitraire du lot. On pourrait facilement imaginer un jeu de reconstitution qui mériterait d’entrer dans la catégorie GN. Il
    n’aurait pas ce pilier.

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