La révolution des Workshops !

Publié le lundi 6 août 2012 dans Articles

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Bonne nouvelle : Le GN évolue ! Les thématiques abordées changent selon les régions, les années, les modes, mais ce n’est pas la seule évolution notable du milieu des zouaves costumés. La façon de présenter un jeu aux joueurs change également. De nombreux jeux ont aujourd’hui un site web qui leur est dédié, permettant de gérer les inscriptions, mais aussi d’expliquer la démarche des auteurs, l’ambiance recherchée.

Un vocabulaire se met en place pour désigner ce qu’on cherche, la façon dont on organise, la façon dont on joue ! Bien sûr, le même mot n’a pas le même sens dans la bouche de tout le monde. Bien sûr, il reste des jeux où l’on s’inscrit sans trop savoir pourquoi, des jeux où l’on ne pige pas ce qui se passe autour de nous. J’y vois le signe qu’il existe des exceptions culturelles dans chaque association, dans chaque jeu, et c’est tant mieux. Comme il serait regrettable que la culture du GN soit la même partout. Comme il serait triste qu’il existe une façon de faire et une seule !

gn-workshop.jpg

Cependant, lorsque les joueurs sont tous rassemblés pour un même jeu, tous volontaires pour faire du week-end un moment inoubliable, n’est-il pas triste de n’être pas d’accord sur la façon de jouer ? Notre loisir est basé sur un contrat ludique, dont le fairplay et le roleplay sont les valeurs clefs ! Et nous savons qu’une bonne scène de jeu a lieu lorsque deux joueurs sont en communion sur ces points, que leur roleplay satisfait les exigences de l’autre et qu’ils jouent en toute confiance. La grande évolution en cours améliore fondamentalement le dialogue sur ces deux points. La grande évolution du GN d’aujourd’hui ne concerne pas les thèmes, pas les règles, mais bien le format des jeux et la façon de les préparer : il s’agit de la révolution des Workshops !

L’art des préliminaires

Le GNiste aime se retrouver dès le vendredi soir et jouer tout de suite, jouer toute la nuit et rejouer le lendemain, sans dormir, jusqu’au dimanche matin, où fatigué et en sueur, il s’affale à côté de ses partenaires et leur demande avec un grand sourire : « Alors, heureux ? »

« l’épée en latex dans une main,

le bol de nesquick dans l’autre »

Depuis quelques années, les formats de jeu plus courts ont pointé leur nez ici et là, et leur prolifération a influencé les jeux plus grand format. Les jeux pour 20 à 30 joueurs ont vu le jour régulièrement. Un format quasi-bâtard entre le petit et le gros, entre la « murder » et le « GN » (si tant est que cette distinction ait encore du sens). On a vu de plus en plus de jeux se terminant dans la nuit du samedi pour éviter la pause de la nuit avant un climax mou de dimanche matin (l’épée en latex dans une main, le bol de nesquick dans l’autre). On a vu des jeux proposer un vendredi soir en douceur, avant un début de jeu le samedi matin sur les chapeaux de roue. Le vendredi soir servant tantôt à l’explication des règles et à l’accueil, tantôt à jouer des introductions au GN, sous forme de « huis clos » ou de minis scénarios indépendants de la suite du GN.

Ces GNs en deux temps, proposant aux joueurs de respirer et de s’installer calmement, de se renifler un peu avant de passer à l’acte, ont permis de casser un peu la convention du jeu sur deux jours pleins qui courait depuis longtemps, n’empêchant pas les joueurs de continuer d’apprécier ces formats, mais poussant les organisateurs à se poser la question de savoir si, oui ou non, ils voulaient des préliminaires.

Certains ont poussé le concept plus loin et sont passés à la vitesse supérieure. C’est la naissance du workshop.

dance-theater-workshop.jpg

Je ne couche pas le premier soir

Le workshop est un atelier prenant place avant un GN dans lequel les joueurs vont préparer un élément du jeu à venir. Les objectifs peuvent varier d’un atelier à un autre. On peut y préparer son rôle ou y travailler un outil de règle spécifique, y rejouer une scène du passé des personnages, ou y apprendre à jouer de la trompette.

« Le joueur s’allonge, en pyjama

d’hôpital, sur une table »

Vous avez sans doute déjà retrouvé des joueurs avant un GN pour préparer un spectacle ensemble, mettre au point un roleplay de groupe. Le workshop est un espace que les orgas vous allouent avant le jeu pour ça.

Voici quelques questions que je pourrais me poser avant un GN :

–          Je vais jouer leur chef, mais comment dois je me comporter avec eux ?

–          Nous sommes des espagnols, doit on jouer les accents, comment est-on ensemble ?

–          C’est ma femme, comment marche notre couple ?

–          Je suis champion de baseball, comment ça se joue ?

–          Mon personnage a passé une partie de sa vie à l’hôpital, comment c’était ?

L’idée d’organiser des workshops avant votre GN est d’anticiper toutes ces questions et de laisser les joueurs trouver la réponse en faisant des exercices de préparation, parfois similaires à ceux que l’on retrouve dans les ateliers d’improvisation théâtrale.

Idée de workshop #1

–          Je vais jouer leur chef, mais comment dois je me comporter avec eux ?

Le joueur qui va incarner le charismatique capitaine s’installe dans un coin sombre de la pièce. Les mercenaires sous ses ordres sont assis autour d’une table. Ils vont jouer une courte scène qui a eu lieu quelques temps avant le début du jeu où ils parlent de leur capitaine. Ce qu’ils aiment chez lui, ce qu’ils n’aiment pas, pourquoi ils le respectent. L’occasion pour chacun de demander à son capitaine d’avoir le comportement qu’il attend de lui.

Idée de workshop #2

–          Nous sommes des espagnols, doit-on jouer les accents ?

Le groupe de joueurs va se réunir et essayer des accents, des façons de parler, se chercher des expressions communes. Pour cela, ils répètent tous ensemble des phrases proposées par un organisateur en essayant de placer leur voix. Ensuite chacun d’entre eux va se voir attribuer un surnom par le reste du groupe. On peut agrémenter l’exercice d’ateliers de mise en confiance classiques pour souder le groupe, censé se connaître depuis longtemps.

Idée de workshop #3

–          C’est ma femme, comment marche notre couple ?

Je ne parle pas du cas où l’on va jouer une histoire d’amour naissante, mais du cas d’un couple uni depuis un certain temps. Ce qui implique une certaine intimité et des codes communs. Les deux joueurs vont s’allonger sous une couette ensemble et jouer successivement une scène prenant place un soir avant de s’endormir. Une scène où ils vont se disputer et se coucher fâché. Puis ils vont jouer le réveil du lendemain, où chacun s’en voudra d’avoir été trop loin la veille.

Idée de workshop #4

–          Je suis champion de baseball, comment ça se joue ?

Toute l’équipe se retrouve sur le terrain la veille du GN. Un organisateur va leur expliquer les règles puis leur donner un cours et un entraînement accéléré. Ensuite de quoi ils joueront un match avec l’équipe constituée d’un autre groupe de joueurs, le match sera joué comme un mini GN préliminaire. Ce match a vraiment eu lieu dans l’histoire des personnages. L’équipe gagnante a vraiment battu l’équipe perdante. Ceux qui perdent débuteront le GN comme outsider, la cote jouant contre eux. Le moyen de sentir le goût amer de la défaite.

Idée de workshop #5

–          Mon personnage a passé une partie de sa vie à l’hôpital, comment c’était ?

Les workshops n’ont pas toujours pour but de vous permettre de choisir votre façon de jouer. Ils peuvent aussi permettre aux organisateurs de vous faire passer des informations et une vision autrement que par écrit. Le joueur s’allonge en pyjama d’hôpital sur une table. Trois médecins en blouse et masque entrent dans la pièce et braquent une lumière sur lui. Deux d’entres eux vont lui saisir les jambes et les bras et les palper tandis que le dernier va lui expliquer par le menu, l’ensemble des opérations que son corps va subir durant les heures à venir. De quoi faire ressentir le malaise et le traumatisme vécu par le personnage.

worshop-gn.jpg

J’aime bien discuter sur l’oreiller après…

Le workshop ne sert pas uniquement à se mettre sur la même longueur d’onde que les autres joueurs, à se mettre en confiance, à préparer un roleplay complexe à aborder, il sert aussi à redescendre en douceur après un GN.

« Le GNiste a besoin de

gérer son GN-blues»

 

En jeu de rôle grandeur nature, la fin du week-end se ponctue souvent d’un débriefing concernant le scénario. Quelques jours plus tard, les boites mails saturent de messages de remerciements. Un mois après, c’est le temps des premières propositions de se retrouver autour d’un verre pour prolonger l’expérience. Le GNiste a besoin de gérer son GN-blues.

De leur côté les organisateurs ont désespérément besoin de retours. De savoir ce qui a marché, ce qui n’a pas marché. Là encore, la solution s’appelle workshop. Que ce soit pour serrer la main de vos ennemis, pour faire retomber la pression au cours d’un exercice de yoga, le workshop de fin de GN, c’est tout simplement organiser l’atterrissage comme vous avez planifié le décollage.

J’ai été très impressionné par un système de débriefing dont j’ai entendu parler il y a peu de temps, et qui consiste à grouper les joueurs 2 par 2 pour qu’ils notent sur un papier deux ou trois points sur le GN. À la suite de quoi, chaque binôme confronte son bilan à un autre binôme, formant un groupe de 4 joueurs qui rassemblent leurs idées. Le débriefing se prolonge ainsi jusqu’à ce que tout le monde se rassemble. Je trouve l’idée simplement formidable en ceci qu’elle permet, même aux plus introvertis d’exprimer leurs idées à la fin du jeu.

Voila pour cette petite présentation du concept. Difficile d’aller plus loin sans rentrer dans des exemples plus précis, mais je pense qu’on peut cerner rapidement l’intérêt de telles techniques. Il va au-delà de l’incroyable capacité de mise en confiance, d’appropriation des rôles que permet la préparation en groupe. Faire des ateliers pré-GN est une solution reine si vous attendez de vos joueurs des comportements précis, si vous voulez éviter les questions du type « Mais t’es qui toi déjà ? » au début de votre GN, bref, si vous voulez que vos joueurs soient en phase.

Post scriptum : Si vous pensez faire une place aux workshops dans votre prochain GN, je vous encourage à jeter un œil sur ce site en anglais proposant des idées de workshops :

http://workshophandbook.wordpress.com/

Une courte vidéo sur les workshop du GN Kapo (carcéral dur dur) :

Kapo Workshop #1 from Nordic Larp on Vimeo.

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Baptiste est Gniste depuis maintenant 15 ans, et a commencé par jouer des scénarios maison avec des amis sans vraiment avoir idée de ce qui se faisait autour. C'est plus tard qu'il a pu découvrir ce qui se faisait un peu partout dans le monde et continuer sans cesse de découvrir de nouveaux horizons. Il aime écrire des scénarios et vous pourrez en découvrir certains sur le site www.murder-party.org (Silence on meurt, Plan social). Persuadé que le GN est un art à part entière, Il a écrit un mémoire sur les jeux Grandeur Nature et veut promouvoir les partenariats inter-associatifs pour que notre loisir trouve un jour la place qu'il mérite. Il a l'honneur d'avoir été le Président de la glorieuse FédéGN.

13 réactions à La révolution des Workshops !

  1. J’aime 🙂

  2. Juste pour être pénible, pourquoi utiliser le mot “workshop” alors que le terme “atelier” est une traduction tout à fait acceptable ?

     

    Bon, je suis un inconditionnel de la préparation de mes personnages en tant que joueur, mais je reste mitigé sur l’intérêt de ces ateliers de préparation pour du GN “classique”. Déjà, en temps
    qu’immersioniste convaincu, je crois qu’un GN doit avoir un début et une fin. J’ai pris des cours de tango pour “Noces de Cendre”, j’ai fait des recherches sur les mathématiques et sur certains
    mouvements politiques à d’autres moments, je me documente pour les GNs historiques, mais c’était mon initiative, et parfaitement séparé du jeu en lui-même.

     

    Je crains que ces ateliers soient un peu comme ces forums prè-GN dits “en-jeu” où tout le monde cabotine en jouant mais pas trop, pour ne donner en fin de compte que du flood. Au cours d’un
    atelier, je crains la différence de “vitesse” entre les joueurs, certains s’y impliquant à fond déjà dans leurs personnages, d’autres y assistant passivement voire à contre-coeur parce que ce
    n’est pas le “vrai” GN. Et ça peut être chiant pour tout le monde. Ainsi, je ne suis pas certain que l’investissement, autant pour les orgas que pour les joueurs, apporte quelque chose. Pour
    illustrer ça, je reprendrais les idées de l’article, dans le cadre d’un GN pour lequel j’aurais reçu un personnage digne de ce nom bien entendu.

     

    1- Le chef

     

    J’imagine que la notion de “chef” a été évoquée dans le personnage, avec des informations du genre s’il a été pistonné ou s’il s’est fait tout seul, s’il est dur ou bonhomme, s’il est honnête ou
    non. A partir de là, je ne vois pas d’utilité à une préparation en atelier, mais par contre le joueur peut réflêchir à son attitude, à des chouchous comme à des têtes de turc parmi ses
    subordonnés, à déléguer certaines parties de son autorité à certains, à en envoyer d’autres sur des actions spéciales, etc. Pas besoin de workshop.

     

    2- Les espagnols

     

    Ce serait pourquoi une parfaite perte de temps que tenter d’accorder les accents. Ca n’apporte rien pour ces joueurs ni pour les orgas. Quant aux autres joueurs qui remarqueraient ces éventuelles
    différences d’accents, soit ils passent en méta-jeu et admettent que ce sont des accents imités, soit il y a des chieurs qui leur font remarquer, et un minimum d’impro suffit pour répondre que
    “c’est parce que lesdits espagnols viennent de différentes provinces…

     

    3- Le couple

     

    Je pense qu’il est illusoire de croire que deux joueurs pourront s’inventer en quelques heures les codes d’un couple. A la rigueur, quelques mails d’échange entre les deux joueurs suffisent pour
    ajouter des trucs du genre “Ca m’énerve quand tu m’appelles “mon chéri” et tu le fais quand tu as envie de commencer une dispute” ou “nous sommes tous les deux des fans absolus des Tontons
    Flingueurs et nous ne manquons pas d’insérer des répliques du film dans nos conversations”. Pour le reste, à savoir enfants ou envies d’enfants, histoire du couple/de la famille, ex nostalgiques
    ou adultères honteux, j’imagine que c’est dans les personnages…

     

    4- Base-Ball

     

    Un minimum de recherche suffit à connaître les règles, le visionnage d’extraits de matchs serait un must. Par contre, je crois que faire jouer le match et déduire du résultat le background est
    non seulement inutile, mais réducteur, car l’évocation purement background de ce match peut apporter des éléments (triches, rebondissements, provocations, etc.) que n’apporteront certainement pas
    quelques joueurs bien malhabiles. De plus, si le “champion” d’une équipe a deux mains gauches et se vautre lamentablement durant le jeu, ça perdra en cohérence, à moins de sombrer dans le pire du
    free-play à savoir soupçonner/simuler un empoisonnement dudit champion, alors boaf…

     

    5- L’hopital

     

    Sur le coup, ce n’est plus pour moi un atelier de préparation, mais une partie du background qui serait joué au lieu d’être écrit. Je ne suis pas convaincu, car je pense que l’évocation écrite
    sera plus puissante que le jeu, donc ça ne justifie pas le temps de préparation et de déroulement de cet “atelier”.

     

    Mais pour ne pas finir sur une note négative, les ateliers post-GN, dont celui montré en exemple, me semblent très intéressants et très utiles pour les joueurs comme pour les orgas.

  3. S’il n’y a que ça pour te faire plaisir, on peut parler d’ateliers !

    Toutes tes remarques me semblent surtout nourries de l’éternelle méfiance face à la nouveauté qu’on voit souvent par ici.

    Je ne vais pas tout reprendre point par point, mais il est évident qu’à l’inverse de toi je vois au contraire un intérêt à ces ateliers. Naturellement on peut s’en passer puisqu’on s’en est
    toujours passé jusque là. Mais ce n’est pas parce qu’on s’est passé du téléphone portable pendant des décennies que son utilisation aujourd’hui n’est pas bien utile (le téléhone portable étant un
    exemple parmis mille autres de choses qui ont provoquées la méfiance avant de rentrer dans les moeurs).

     

    Ce que tu dis par contre sur la différence possible d’implication des joueurs au moment des atelies me semble attester d’une mauvaise compréhension de ce qu’ils sont. Les ateliers ne sont pas
    facultatifs. Il font partie intégrante du GN. Le joueur en s’inscrivant sait qu’il s’inscrit à une journée d’ateliers et une journée de GN (par exemple), de fait s’il ne s’investit pas aux
    ateliers, son attitude est exactement la même que celle d’un joueur qui ne s’investit qu’à moitié pendant le jeu.

    Pour ma part je trouve ça assez formidable. Faires des ateliers avant un jeu permet de forcer les joueurs à accorder leurs violons ce qui est toujours bon à prendre. L’utilié est probablement
    encore plus flagrante sur un très gros jeu. Mais il ne faut pas non plus négliger leur impact sur les petits formats.

  4. Non Lucie, ce n’est pas du conservatisme par défaut, ni la peur de la nouveauté. Alors je vais aller plus loin, ou préciser :

     

    – En tant qu’orga, je réflechis toujours au rapport intérêt pour le jeu sur investissement en temps. Aucun des ateliers pris en exemple n’en vaut la peine, et de loin. Il faut aussi savoir que
    les quelques heures qui précèdent le jeu sont précieux pour les orgas, du moins quand c’est un GN qui a un tant soit peu de logistique, par pour un jeep dans une salle de TD. A la
    rigueur
    on pourrait y trouver un peu d’intérêt quelques jours ou semaines avant le jeu.

     

    – En tant que joueur, toujours en immersioniste, je ne vois pas d’atelier pouvant avantageusement remplacer une préparation de son personnage. Ni dans la qualité du résultat, ni dans
    l’implication. Forcer les joueurs à accorder leurs violons ? Je dirais qu’il faudrait d’abord les forcer à lire, relire et comprendre leurs personnages ce qui est loin d’être évident surtout chez
    les stakhanovistes du GN qui enchaînent sans cesse sans réellement s’impliquer. Ce que j’aime bien aussi dans l’absence d’atelier (c’est un comble!), c’est de ne pas plaquer sur les personnages
    avec qui je jouerai l’image du joueur. Rencontrer, par exemple, mon ennemi intime en jeu à peine quelques minutes avant le début du jeu aide à la distanciation par rapport au joueur.

     

    Mais bon, si dans les exemples donnés dans l’article tu parviens à me montrer à quel moment un atelier est “formidable” par rapport à une préparation classique, je suis preneur. Ou si tu as
    d’autres exemples d’ateliers qui apporteraient vraiment quelque chose au jeu.

  5. Pour moi les ateliers ne remplacent pas la préparation des personnages par les joueurs, ils viennent la compléter judicieusement.

    J’ai reçu mon personnage et je l’ai préparé du mieux que j’ai pu de façon personnelle. Les ateliers vont, eux, me permettre de préparer les interactions de mon personnage avec les autres joueurs.
    Dans un jeu en groupe, je trouve que c’est très utile pour affirmer le jeu de groupe, lui donner des codes qui seront acquis et qui lanceront la machine plus rapidement pendant le jeu. Un GN se
    sont des personnages qui intéragissent entre eux et la préparation de cette interaction en amont, plutôt que de jeter tout le monde dans le bain, me paraît être une idée à exploiter.

    Pour moi les ateliers permettent aussi d’appuyer certains éléments importants de la fiche. Le personnage a vécu un traumatisme qui aura de l’importance dans son évolution pendant le jeu, alors
    l’atelier pré-jeu va me permettre d’appuyer le traumatisme pour être sûr que mon joueur l’a bien intégré. ça ne remplace pas la fiche, mais l’impact est encore plus fort pour le joueur de
    découvrir que tous les ateliers qu’on lui propose sont en lien étroit avec son personnage et visent à lui donner des clefs pour qu’il puisse l’incarner au mieux.

     

    Naturellement c’est aux orgas de réfléchir aux ateliers les plus judicieux pour chacun des personnages. De les prendre un à un et de se demander : “qu’est-ce qui est important pour l’évolution de
    ce personnage ? Quels ateliers l’aideront à mettre en avant ces choses importantes ?”. A noter que cela n’empêche pas du tout de ménager quand même des surprises pour les joueurs, car on n’est
    pas obligé de faire des ateliers avec tous les personnages du GN en même temps.

     

    Dans les exemples donnés par l’article il y en a au moins trois que je trouve judicieux : dans mon GN j’ai une équipe de sport qui tourne ensemble depuis des mois voire des années. Les ateliers
    avant le jeu vont leur permettre de s’entrainer en équipe, d’imaginer, pourquoi pas des combinaisons, de constituer un vrai jeu de groupe qui aura du sens et qui sera déjà sur les rails quand on
    lancera le début du jeu (en prenant en compte que cette cohésion est importante pour mon jeu). Leur aménager un temps pour constituer ce jeu d’équipe ça permet aussi aux joueurs de ne pas avoir à
    trouver un moment avant le GN pour régler certains détails, ce qui peut être galère avec les contraintes d’emploi du temps des gens. En somme c’est beaucoup plus efficace que d’attendre que les
    joueurs prennent cette initiative et essaye d’inventer des combinaisons vite fait entre deux portes.

    Pour l’hsitoire du chef c’est un peu la même idée. J’ai pu bien préparer mon rôle et décider au préalable la façon dont je voulais le jouer, mais les autres joueurs, eux ne le savent pas. Faire
    un atelier où le chef observe, par exemple, une scène dont il est absent où ses subalternes parlent de lui ça permet de nourrir son futur jeu, d’affermir ses décisions ou de partir sur autre
    chose.

    Pour l’hôpital, contrairement à toi, je ne crois pas que la lecture est plus puissante que le jeu. Je suis une grande lectrice et j’aime écrire des fiches de perso, pour autant je suis convaincue
    que le malaise de la vie à l’hôpital sera bien plus fort si je suis clouée à un lit, que je suis obligée de demander à l’infirmière une bassine pour faire pipi et que tout le personnel médical
    autour de moi parle comme si je n’étais pas là. Le lire et le vivre ce n’est pas pareil et je trouve que l’atelier permet ici d’appuyer judicieusement sur un traumatisme pour le personnage.

     

    Et pour finir, pour le GN Dodgeball nous sommes en train de préparer justement des ateliers d’avant-jeu. Il ne s’agit donc pas d’un jeep dans une salle de TD, mais d’un jeu assez important avec
    de la logistique.

  6. haaa ça m’étonnait de ne pas voir de commentaire de ta part. ça fait plaisir.

     

    En préambule, j’ai utilisé workshop car c’est l’appellation sous laquelle on peut trouver des écrits divers. Ça me semblait bien de le connaître. Et évident à traduire, d’ailleurs, c’est ce que
    tu as fait rapidement.

     

    Ensuite je dirais qu’on peut être plus réceptif à un truc écrit ou à un atelier avec une bonne mise en scène. Je pense que ça va dépendre des gens. Du coup je peux comprendre qu’on soit réticent.

     

    Par contre, il y a quelques points qui me semblent intéressant à reprendre dans tes exemples moz.

    1. « Il faut aussi savoir que les quelques heures qui précèdent le jeu sont précieux pour les orgas »

    Des jeux avec de la logistique où les orgas démarre à l’heure et utilisent une seule partie de leurs forces vives, ça existe. En s’organisant, on peut libérer une partie des orgas pour organiser
    ces ateliers. Ça me semble curieux de dire «  c’est nul parce que j’ai pas le temps ».

     

    2. « si tu as d’autres exemples d’ateliers qui apporteraient vraiment quelque chose au jeu. »

    J’ai un exemple sympa je pense. Basé sur un jeu de ton asso. Il y a quelques années, j’ai fait un GN Brume chez Clepsydre. Je jouais dans un peuple où on chante au lieu de parler pour s’exprimer.
    Si nous avions pris 30 minutes avant le jeu, même sans orgas, pour nous entraîner, ça m’aurait faciliter la tâche. Je ne sais pas chanter et de toute façon aucune fiche écrite ne peut me montrer
    comment chanter comme les autres joueurs.

     

    3. « Je pense qu’il est illusoire de croire que deux joueurs pourront s’inventer en quelques heures les codes d’un couple »

    Ça me donne envie de comparer la majorité des prestations de couples faites par des GNistes et ce que deux personnes peuvent obtenir en 3 minutes en spectacle d’impro. Juste pour rire.

     

    Après, sur l’exemple du baseball, je l’ai vu faire et moi j’ai trouvé ça bien, sans même parler de valider le résultat dans le jeu ensuite, mais on peut trouver que c’est une perte de temps si on
    veut.

    Et sur l’hôpital, comme je disais plus haut, ça va dépendre des sensibilités de chacun. Une bonne mise en scène vaudra mieux qu’une mauvais rédaction et inversement. Il n’y a pas vraiment de
    débat.

     

     

  7. olivier_Espigoule

    Bien les ateliers à mon avis.

    Pour le prochain GN des Legendes d’Espigoule (petit format), on a retenu le principe mais sur une base facultative.

    En fait, on est toujours sur un format deux jours avec un dimanche matin mou avec l’arme en latex dans une main et le nesquick dans l’autre, mais on acceuille les joueurs dés le vendredi soir
    pour pouvoir commencer pas trop tard le samedi.

    L’idée est que plutôt que laisser les joueurs trainer dans les pattes des orgas et se raconter leurs exploits précédents en buvant des biéres, on leur intégre tranquillement dans le jeu en
    organisant un atelier (organisation deleguée à des joueurs d’ailleurs, pour ne pas gacher le temps précieux des orgas).

    Plutôt que faire un atelier centré sur la thématique du GN, on va plutôt faire un atelier sur l’impro (type concours d’impro). On hesitait aussi à faire un atelier “laisser parler les autres”.
    L’idée de cet atelier c’est un peu comme faire des gammes ou se délier les doigts avant un concert.

    Mais des ateliers utiles ça existe.

    Lors de notre précédent GN où la plupart des joueurs appartenaient au même village et malgré des back developpés et des infos sur tous les autres perso, ils ont mis du temps à rentrer dans leurs
    habits neufs de villageois bouseux et à intégrer ensemble les procédures qui faisaient le fonctionnement social de leur village (chacun d’entre eux savait ce qu’il avait à faire mais le
    fonctionnement collectif n’avait jamais été testé). Nombre d’entre eux ont regretté de n’avoir pas pu profiter du vendredi soir pour prendre un peu d’avance.

    Plus récement, sur Tempus Fugit, un bal renaissance était organisé. On avait reçu les pas, les vidéos des danses et la musique. Nombre d’entre nous avions répété mais le bal a été relativement
    foiré.

    Un atelier préparatoire (et obligatoire) à ces danses aurait été un plus. On aurait pu s’exercer sur la vraie musique, dans les vraies conditions et pour ma part, j’aurais pu m’apercevoir que
    voir la personne devant moi faire n’importe quoi me faisait completement oublier les pas conscienscieument appris. Là, un atelier d’une heure n’aurait pas été un luxe inutile mais une condition
    indispensable à la réussite d’une belle tentative.

  8. Des réactions très intéressantes je trouve. Il y a lieu de différencier l’atelier, obligatoire et forcément collé au GN, et la préparation. Cette dernière n’est pas obligatoirement solitaire, et
    c’est même souvent très sympa de la faire en groupe. Je note aussi l’idée de sous-traiter à des joueurs de confiance l’organisation de telles séances.

     

    Pour retourner ton exemple du GN Brume, Baptiste, tu n’as pas reçu la consigne du parlé-chanté au début du jeu, n’est-ce pas ? Dans ce cas, tu aurais pu t’entrainer, soit seul, soit avec ta
    concierge, soit même avec les membres de ton groupe puisque tu avais leurs coordonnées. Quant à l’effet de groupe, nulle part il n’est indiqué que tous les membres de cette Havreterre doivent
    chanter sur le même ton, au même rythme, selon le même air. Et si tu étais complètement dans le flou, nul doute qu’un coup de fil ou un mail à ton scénariste aurait pu t’aiguiller. Ne serait-ce
    pas un manque de… préparation ?

     

    En ce qui concerne l’atelier couple, toujours, je trouve biaisé de le rapprocher du théâtre d’impro car dans ce dernier cas, c’est la notion d’interprétation du couple qui est attendue avec une
    obligation de résultat tangible, tandis que pour un GN, soit la notion de couple est accessoire, soit elle est au coeur des intrigues et le background donne généralement des éléments quant à ces
    codes.

  9. je n’ai pas encore pratiqué, mais je pense que c’est un plus. La préparation individuelle n’est pas toujours suffisante (si déjà elle est bien faite) et il est fréquent que des joueurs viennent
    de plusieurs régions différentes. Dans ce cas, comment réaliser une préparation de groupe?

    Par ailleurs, les joueurs ne sont pas tous égaux devant l’immersion. certains rentrent directement dans le jeu, tandis que d’autre ont besoin de se plonger dans l’ambiance en douceur. certains
    ont l’intuition des codes et des interprétations d’un rôle, tandis que d’autres ont besoin d’être guidé. ça me fait penser à un orchestre. Tu peux avoir de très bon musiciens qui répètent
    chacun de leur côté, mais qui produisent ensemble une musique sans harmonie.

    Pour le peuple qui chante dans le GN brume, l’effet serait sûrement bien plus impressionnant si les joueurs parvenaient à être à l’unisson. Après tout, ils sont sensés chanter ensemble tous les
    jours.

    Sur Eve-Oniris, les joueurs commencent le vendredi soir et se réunissent par groupe sans avoir le droit de rencontrer les autres. c’est une forme d’atelier déguisé qui permet de partir sur des
    bases claires avant le GN. Celui-ci peut alors partir plus tôt et plus vite le lendemain matin.

  10. Non PierreO, sur le GN Brume ce ne sont ni les Choeurs de l’Armée Rouge ni la chorale des Enfants à la Gueule de Bois, ce sont des cavaliers nomades qui ont simplement un parler chanté…

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